Un petit village, planté au milieu des vignes, pas très loin d’un bel étang. Un dernier jour de printemps, juste avant de se jeter dans les bras de l’été. Un jour d’école. Un des derniers avant de conjuguer le mot vacances avec des rires, des flirts, des virées entre copains copine, l’inconscience d’avoir 15 ans et l’avenir pour horizon.
Elle avait 13 ans, elle sortait de son collège. Pour une histoire de cœur, le sien à cessé de battre. Tabassée à mort à coups de poings, à coups de pieds, par un frère qui se dresse en justicier du haut de ses 15 ans.
C’était aujourd’hui, à Florensac, un nom gorgé de soleil, ce soir trempé de tristesse. C’était à trois battements d’aile de mon village, à quelques kilomètres de mon collège.
Je pense à cette famille qui ne comprend pas, je pense au CPE de ce collège que je connais bien et qui doit être détruit par l’impuissance et la peine. Je pense à ce gamin qui a déjà raté sa vie.
Je suis moi aussi CPE. Ce soir je me demande à quoi je sers. Ca aurait pu se passer à la sortie de mon collège, et je n’aurai rien pu faire.
Combien faudra-il sacrifier encore de jeunes sur l’autel de cette société qui se veut moderne et civilisée qui exclut et détruit, qui apprend à fermer le poing au lieu d’apprendre à tendre la main, qui ne donne pas aux jeunes les mots pour crier leur douleur, qui ne leur apprends même pas à savoir aimer.
Il n’y aura jamais trop d’éducateurs ni d’enseignants pour aider nos jeunes à grandir debout. JAMAIS !
C’était aujourd’hui, dans un petit village de campagne.
Ce soir je n’ai pas envie de polar, je n’ai même pas envie d’essuyer mes larmes.
Bruno