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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 13:51

   PETER TEMPLE

EDITIONS RIVAGES

 

Traduction: Simon BARIL

 

«  Il faut de l’amour, tu vois, pour vivre sa vie

Pour donner, il en faut aussi,

Ca je le sais, ça je le sais

Mais c’est si dur à montrer

Entre nous,

Je ne sais pas comment on fait. »

 

                                              David Shepherd Grossman , chanteur Américain.


VéritéUn roman noir, sombre, sans espérance. Un auteur, Peter Temple, pour une première rencontre, et un pays continent, l’Australie, chaud et brûlant pour décors d’une histoire qui le sera tout autant.


Peter Temple, pour les amateurs de romans noirs, n’est pas un inconnu. Auteur de plusieurs ouvrages, il avait attiré le regard de la critique avec «sequelles »  et plus récemment avec «  Un monde sous surveillance »  qui vient d’ailleurs de sortir en format poche, toujours aux éditions Rivages.


«  Vérité », son dernier roman publié en France, vient d’obtenir le Miles Franklin Award, la plus importante distinction littéraire australienne, l’équivalent de notre prix Goncourt .


Vous ne connaissez pas l’Australie sans doute, moi non plus. Mais vous avez comme un tout un chacun des images d’Epinal  plein la tête de cette contrée que l’on sait immense, sauvage et belle. Une terre nouvelle, une terre des possibles où tout peut s’inventer,  libérée des carcans de la vieille culture européenne et de ses travers.


Pourtant la peinture que nous fait Peter Temple de ce pays est loin d’être au format carteaustralie 462 postale. Plonger dans ce roman, c’est accepter de faire un circuit qui ne vous mènera pas vers ce que l’Australie à de plus beau à vous offrir, mais plutôt de l’autre côté du décor  pour découvrir  ses affres  et ses turpitudes. Celle de ces hommes  qui, ici comme ailleurs, se shootent  au pouvoir et au fric, et où la vie d’un être humain n’est qu’une variable d’ajustement dans des desseins que rien ne doit venir contrarier.


Dans cette Australie qui brûle, au sens propre comme au figuré, au milieu de cette société en mouvement prise d’étourdissement, un homme, un flic, lui se consume de l’intérieur. Un homme rongé par l’absence de l’amour de son paternel,  vétéran du Vietnam, peut être valeureux au combat mais en total désertion pour élever ses gosses, et qui considéra son aîné comme son supplétif à cette tâche sans jamais avoir exprimé la moindre reconnaissance à son garçon.


australie4.gifUn flic qui a donc  grandi de manière bancale, amputé de cet amour  dans son enfance,  et qui ne sait pas du coup exprimer le sien envers ses propres gosses, à commencer par sa fille Lizzie aujourd’hui en fugue. Un homme toujours en attente de son père à qui il rend visite de temps en temps, avec pour préoccupation constante de protéger des flammes qui approchent cette parcelle de forêt qu’ils ont planté ensemble derrière la maison familiale, seul acte partagé de toute une vie, unique témoin d’un lien qu’il ne veut pas voir partir en fumée. 


Alors Villani, c’est son nom, est parcouru d’interrogations. Sur son enfance, sa relation au père, sa famille, ses collègues, son boulot, sur ce qu’est devenue sa vie. Une mise en perspective de son existence pour essayer de comprendre ce qui ne fonctionne pas, un questionnement qui n’aura de cesse d’interférer avec ses enquêtes en cours.


Chef de la brigade des homicides, il est  en effet  sur deux affaires qui vont rapidement s’entrecroiser.


Celle d’une jeune femme tout d’abord, qui ressemble étrangement à Lizzie, sa fille rebelle.tour-photo-copie-1.jpg La victime a été retrouvée morte dans un appartement luxueux à peine inauguré par le consortium propriétaire de l’immeuble, et qui avait réuni pour l’occasion tout le gotha politique et financier de la ville.


Celle ensuite de ces trois corps retrouvés atrocement mutilés dans une banlieue sordide de la ville.


Rapidement, à l’atmosphère étouffante due aux incendies tout proche se rajoutera pour Villani la pression de plus en plus forte de ses supérieurs et de certains membres du gouvernement à mesure qu’il avance dans son enquête.


Peter Temple nous dresse un tableau sans concession de l’Australie, rongée elle aussi par la connivence du politique et du monde des affaires, par l’interconnexion d’intérêts communs estompant les frontières entre mafia, édiles locaux ou nationaux, et  gradés de la police. Un entrelac  de compromissions, de manipulations politiques et de luttes d’influences que la radio, omni présente tout au long du roman relate dans une litanie perpétuelle.


PeterTemple.jpgCe n’est pas tant l’intrigue policière qui retiendra l’attention du lecteur que les portraits de ces personnages qui habitent cette histoire. Et en particulier de cet homme, Villani, qui avance sans trop savoir pourquoi, dépassé par la vie qu’il observe comme un spectateur, au point de ne pas avoir la force de chercher lui-même son enfant disparu, et qui semble attendre ,  comme une certitude, la confirmation de son drame personnel.


Un roman dense, avec quelques longueurs, mais avec une vraie force narrative qui fait de Peter Temple un témoin privilégié et attentif de cette société australienne en pleine évolution, pour le meilleur et pour le pire.

 

 


 


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Published by La petite souris - dans Auteurs australiens

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