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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 21:35

OLIVER HARRIS            

EDITIONS SEUIL

 

traduction: Stéphane CARN      

 

sur-le-fil-du-rasoir.gifLe polar anglais se porte bien, merci pour lui. Et s’il fallait vous en convaincre, je vous invite alors à lire « Sur le fil du rasoir »  d’Oliver HARRIS, pour vous rendre compte que la relève est même assurée. 

 

  A 34 ans, Oliver HARRIS accomplit avec ce premier roman, un coup magistral,  réussissant là où beaucoup d’auteurs se cassent souvent les dents : écrire un roman enlevé, percutant doté d’une trame solide aux ramifications nombreuses et judicieuses. Un roman où chaque élément, chaque personnage, chaque situation participe à une mécanique savamment réfléchie et d’une redoutable efficacité.

 

Le résultat est ici impressionnant, tant l’auteur possède une maitrise narrative quasi machiavélique et que l'on a bien à l'esprit qu'il s'agit d'un premier roman.

 

Mais pour faire un très bon livre, un scénario bien ficelé ne suffit pas. Encore faut il que celui-ci se déploie autour d’un personnage principal hors du commun. 

 

Nick Belsey est « constable » dans la police londonienne (1er échelon dans les grades deslivre-sterling-.jpg officiers de police). Pour lui les choses ne tournent pas vraiment rond. Divorcé, criblé de dettes de jeu, un propriétaire qui ne le laisse plus rentrer chez lui, et l’alcool pour seul refuge.

 

Un flic borderline qui n’hésite pas de temps en temps à profiter des opportunités que lui offre son statut pour améliorer ses fins de mois.

 

Pour arranger le tableau, la commission de discipline le guette et son chef le déteste. Faut dire que le bougre a eu la mauvaise idée d’offrir du bon temps à l’épouse de son supérieur.

 

Nous retrouvons notre homme dès le premier chapitre , dans une situation inconfortable, encastré contre un arbre dans le véhicule de patrouille qu’il a « emprunté » pour faire le tour des pubs et s’offrir une énième biture, à la santé d'une carrière en bout de course.

 

Vous me direz sans doute qu’un personnage de flic à la dérive, rien de plus classique. Et vous auriez sans doute raison. Mais l’intelligence d’Oliver Harris et de faire de celui-ci un funambule, un personnage dont la lumière diffère selon circonstances. Tantôt flic, tantôt voyou, un homme qui veut s’enfuir mais ne se résout jamais à partir.

 

-sniper-2Pourtant quand il arrive dans cette grande demeure luxueuse pour enquêter sur la disparition mystérieuse d’un oligarque russe, Belsey devine rapidement tout le bénéfice qu’il pourrait tirer de la situation.Une nouvelle vie lui tend les bras:

 

Vider la maison, puis les comptes du défunt qu’il découvrira mort enfermé dans une pièce forte, quitter Londres pour abandonner son existence misérable.

 

Mais un tel projet demande du temps et de l’organisation. On ne siphonne pas plusieurs millions sans avoir au préalable assuré ses arrières en mettant en place toute une stratégie visant à faire main basse sur le magot et à brouiller les pistes.

 

Alors en attendant, autant profiter de cette vie facile en se glissant dans la peau de cet Alexeï Devereux, ce milliardaire qui a étendu son empire aux casinos, aux champs de courses aux médias et à la haute finance.

 

Oui mais voilà, enquêter sur cet oligarque insaisissable qui ressemble de plus en plus à un fantôme, pour donner le change et assurer la réussite de son projet de spoliation, va très vite mettre Belsey dans une situation des plus périlleuses.

 

D’autant que celui-ci va mettre le doigt sur l’existence d’un mystérieux projet « Boadicée »harris autour duquel gravitent pas mal de requins de la haute finance avec dans leur sillage des personnes fort peu recommandables.

 

Dans cette histoire mouvante dans laquelle il s’enfonce toujours un peu plus à chacune de ses actions, Belsey  joue un véritable numéro d’équilibriste dans un univers dont il découvre les enjeux et les règles, y naviguant tantôt avec son flaire de flic pour sauver sa peau, tantôt avec roublardise , attiré par l’appât du gain.

 

 Un personnage hors du commun qui donne à ce roman toute son originalité et sa force.

 

Assurément Oliver Harris signe là un remarquable roman. J'ai déjà hâte de découvrir ses prochains romans, car s'ils venaient à confirmer tout le talent que l'on a découvert dans celui ci, nul doute qu'il deviendra un auteur incontournable de la nouvelle génération.

 

 

 

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 17:11

NICK STONE
SERIE NOIRE-GALLIMARD

CUBA LIBREMiami 2008. Un vent furieux chargé d'espoir s'est levé autour de la candidature d'un jeune noir démocrate qui ambitionne de diriger la première puissance mondiale et qui fait vibrer les foules par ses discours enflammés .

 

Obama n'est pas encore élu, mais la force du souffle de confiance qu'il a provoqué et qui déferle sur le pays est sur le point de tourner  une page de l'histoire américaine pour en dévoiler une nouvelle qui restera à écrire.

 

 Mais pour en arriver là , que de chemin parcouru.

 

Le dernier roman de Nick Stone " Cuba libre" met en résonance cette actualité politique et ce passé tortueux et souvent violent qui a permis à l'impossible de se produire. C'est tout un pan du passé de l'Amérique qui est appelé à la barre des témoins de l'Histoire . De la ségrégation raciale à l'embargo contre Cuba la socialiste, en passant par les black panthers et l'immigration haïtienne .

 

Pour ceux qui ont partagé les aventures de Max Lingus lors des deux précédent opus ( " Tonton clarinette" et " Voodoo Land " , romans qui sont à lire absolument! )ils auront plaisir à retrouver cet ex flic, ancien détenu, devenu détective.

 

Mais alors que l' Amérique s'apprête à porter au pinacle son nouveau héros, Max Mingus lui,black panther se retrouve plongé dans la fange d'un passé qui ne le concerne pas mais qui va bouleverser son existence et ses certitudes. Une histoire qui va l'avaler et qui le recrachera bien loin de chez lui.

 

En l'espace de quarante huit heures, il voit en effet disparaitre brutalement les deux personnes qui ont le plus compté dans sa carrière de flic. Eldon Burns , son mentor qui l'avait pris dans son équipe et sous son aile, flic corrompu jusqu'à l'os aux méthodes plus que douteuses. Et Joe Liston, son ami de toujours et ancien coéquipier, qui sera abattu sous ses yeux en plein restaurant d'une balle dans l'œil.

 

Très vite les soupçons se portent vers une certaine Vanetta Brown. Mais que vient faire cette activiste noire des droits civiques, accusée depuis les années 60 d'avoir tuer un flic lors d'une descente de police au cours de laquelle elle perdit son mari et sa fille, et exilée depuis à Cuba?

 

cubaflag1.jpgPas le temps d'y réfléchir. Car le FBI met le grappin sur Mingus et ne lui laisse pas d'autre échappatoire que de retrouver cette Vanetta Brown, quitte pour se faire, à se rendre clandestinement dans l'enfer castriste.

 

Alors Mingus s'exécute. Parce qu'il n'a pas le choix. Parce qu'il veut comprendre aussi pourquoi Eldon Burns et Joe Liston ont été abattus; Et parce qu'il souhaite soulever ce voile sombre qu'il devine, posé sur le passé de ses ancien compagnons.

 

Cet opus, comme les deux précédents, ne manque pas d'actions. Bagarre et coups de feu rythment ce roman.

 

Mais c'est un Mingus différent qui nous est présenté ici. Les épaules se sont peut être un peu tassées avec le temps, car notre personnage oscille dans ce roman entre un sentiment fataliste voire de découragement, et une force qui le pousse finalement à prendre tous les risques et à aller chercher la vérité là où elle se trouve.                                                                     Cubacar.png

 

 Un bonhomme qui reste attachant, lancé dans sa propre quête personnelle pour savoir si l' amitié qui le liait à Joe n'était que façade et cachait une part plus sombre de son ami, où si leur lien était bien plus fort que tout ces indices qui semblent fissurer le ciment de leur relation.

 

Nick Stone nous démontre une nouvelle fois tout le talent qui est le sien avec un roman dans la pure tradition du Hardboiled , esquissant une intrigue haletante servie par des NickStonepersonnages rongés par le doute et portés par  l'espoir, où la manipulation et le chantage sont omnis présents. Il emmène son lecteur dans les plis de l'Histoire, lui faisant découvrir que l'île à accueilli très tôt les anciens Black Panthers fuyant la justice américaine.

 

Ajoutons aussi une plongée magistrale dans le Cuba castriste, vitrifié par l'Histoire, vaste décors en toc , mirage planté dans le désert de l'idéal socialiste où s'engluent une population nourrie aux seins de la suspicions et de la parano. L'auteur parvient à la perfection à nous restituer ce paradis révolutionnaire aux couleurs étrangement proches de celle d'un enfer sur terre.

 

" Cuba libre" est sans conteste un des meilleurs romans de ce début d'année.

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10 février 2013 7 10 /02 /février /2013 10:55

M.J McGRATH
Edtions PRESSES DE LA CITE

le garçon dans la neigeSi vous êtes un habitué de  PASSION POLAR, vous vous rappelez sans doute que nous avions fait la connaissance M.J Mc GRATH à l'occasion de la parution de son premier roman " CHALEUR BLANCHE" . J'en avais fait à l'époque une chronique de lecture, que j'ai remis au goût du jour il y a peu à l'occasion de la sortie de ce livre en format poche, chez POCKET.

 

C'est donc, avec une certaine curiosité que j'attendais le nouveau roman de cet écrivain qui plante le décors de son univers littéraire dans les glaces du grand nord, au pays des Inuits. Un univers du silence, celui de cette contrée sauvage et froide, que seuls le vent et la tempête viennent bousculer; celui des hommes, qui gardent au plus profond d'eux même leurs blessures et noient dans l'alcool leurs souvenirs douloureux.

 

Cette fois ci pourtant, c'est en Alaska que nous emmène M.J McGRATH, à l'occasion d'une course de chiens de traineaux, sans doute l'une des plus dures et des plus réputées au monde, celle de l' Inditarod.

 

C'est parce que son ancien compagnon , Sammy, a décidé à la suite de la mort brutale de son fils de prendre part à cette compétition, qu'Edie Kiglatuk se retrouve dans cet Etat le plus septentrional des Etats Unis afin d' assurer  l'intendance mais aussi sans doute aussi pour veiller sur lui à distance.

 

Dans l'attente du contact radio avec Sammy au passage d'un prochain point de contrôle, Eddie découvre ce pays et ces habitants qu'elle ne connait pas , mais dont elle a la rudesse de la vie en partage.

 

C'est au cours d'une de ses promenades qu'elle va faire une macabre découverte. Sur le bordIditarod_Trail_Seward_500.jpg d'une route enneigée elle aperçoit un ours qui semble l'attendre et l'observer en lisière de forêt. Serait-ce un esprit qui veut communiquer avec elle? Toujours est il qu' elle suit les traces de l'animal et s'enfonce dans la forêt.

 

C'est là, à l'écart du monde des hommes, qu'elle tombe sur une maison miniature en bois. Quand elle l'ouvre et en extirpe délicatement le contenu, quand elle déploie les tissus recouvrant ce qu'ils contiennent, Edie découvre le corps nu d'un bébé entièrement congelé.

 

L'enquête va alors être rapidement menée par les autorités du coin et conduire à un homme qui va se retrouver accusé du meurtre de l'enfant. L'opprobre est jeté à travers lui sur la secte des Vieux Croyant à laquelle il appartient et que l'on accuse de pratiquer des rites sataniques.

 

Mais cette rapidité à jeter à la vindicte populaire ce groupe de marginaux, l'évidence trop flagrante de ce coupable tout désigné qui tombe à pic ne satisfont pas Eddie. D'autant que certains détails la taraudent et que le corps d'un second nouveau né ne tarde pas à être découvert.

 

IditarodPendant ce temps là, Chuck Hillingberg est en campagne électorale pour tenter de rafler le poste de gouverneur détenu depuis des décennies par une famille bien ancrée dans l'histoire et la vie de l'Alaska. Maire d'Anchorage, il n'est pas natif de la région et part donc avec un sérieux handicap face à son adversaire.

 

Mais pour donner le change et mettre de son côté toutes  les chances pour réussir son entreprise, il peut compter sur sa femme qui a mis en place une machine de guerre susceptible de le faire sortir victorieux de sa confrontation électorale. Et justement, la célèbre course de l'Iditarod, très populaire et couverte par tous les médias de l'Etat et du monde est un magnifique vecteur de communication.

 

Mais dans l'ombre d'autres intérêts sont en jeux, et progressivement les pièces d'un puzzle jusque là dispersés vont se mettre progressivement en place, du fait l'opiniâtreté toujours plus grande d'Edie à démêler les fils d'une histoire qui lui échappe.

 

Mais on ne soulève pas la neige par le souffle de sa curiosité sans prendre le risque de Alaska-3découvrir une vérité à la noirceur absolue que ni l'immensité des lieux, ni leur époustouflante beauté sauvage, ne pourront  atténuer.

 

Parce que M.J Mc Grath est une vraie spécialiste des Inuits ( elle leur a consacré plusieurs ouvrages), nous vous attendez pas à faire un voyage folklorique à travers son roman.

 

Si le lecteur enrichira sans doute ses connaissances en vocabulaire inuit, s'il sera sans doute sous le charme de paysages majestueux, il réalisera bien vite sous la plume de l'auteur, que dans ces régions aussi la cupidité, la quête du pouvoir, l'exploitation des plus démunies sont à l'œuvre et dégradent ici comme ailleurs la candeur de l'innocence des gens, corrodent l'espoir et détruisent incidemment leurs valeurs.

 

C'est un portrait sans concession que dresse M.J Mc Grath de cet Alaska , nouvel eldorado qui appelle à la conquête, bousculé entre tradition et modernité, entre croyances ancestrales et dieu dollar, pris dans ce conflit qui mets à mal les rapports humains, et apporte avec lui sa cohorte de fléaux sociaux ( drogue, alcool) et environnementaux.

 

McGrath MJCe deuxième roman vient confirmer tout le talent que le premier avait laissé entrevoir. Le lecteur retrouvera certains des personnages qu'il avait découverts dans le premier livre . Sammy qui reste en filigrane tout au long du roman, Derreck, l'ami policier qui  finira par prêter main forte une nouvelle fois à son amie au caractère trempé dans la glace, à qui il ne peut rien refuser.

 

Avec une écriture simple et touchante, M.J Mc Grath arrive à faire émerger une atmosphère peu à peu oppressante, tout en suscitant chez son lecteur une compassion pour ces personnages victimes d'enjeux qui les dépassent .

 

La nature est parfois trompeuse, sous la neige et la glace se cachent parfois des choses que l'on souhaite ne voir jamais remonter à la surface.

 

Mais ici comme ailleurs, certains secrets ne peuvent rester enfouis à jamais...

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 18:24

 

M.J Mc GRATH

Editions Pockett

 

 

Traduction : Cécile DENIART

 

En attendant la chronique du nouveau roman de M.J Mc GRATH que je suis en train de terminer, je profite de la sortie chez Pocket de son premier roman pour remettre au goût du jour la chronique  que je lui avais consacrée lors de sa parution en grand format. Un auteur à découvrir !

 

chaleur blancheDe la chaleur il va vous en falloir pour plonger dans ce roman de  M.J  Mc GRATH ! Oh, non pas parce qu’il vous laissera de glace et qu’il soit dépourvu d’intérêt ! Bien au contraire ! Mais la région où vous emmène l’auteur et sans aucun doute encore une terre vierge pour le lecteur  et l’explorateur  littéraire que vous êtes !  

 

Car c’est en pays Inuit que se déroule la trame de cette histoire, dans une région  coincée entre le Groenland et le nord du Nunavut.  Dépaysement  total  assuré!

 

C’est là, dans cette immensité immaculée et sauvage, pays de neige et de glace, chaque jour biseautée et réinventée par les vents et les tempêtes que vit Edie Kiglatuk, une jeune femme attachée à sa terre et à sa culture, qui officie auprès des jeunes de son village comme enseignante.

 

Mais Edie connait aussi cette région comme sa poche, et c’est souvent à elle que les anciens du village font appel pour conduire et servir de guide à des expéditions de Quallunat , ces blancs qui aiment à s’offrir des sensations fortes en milieu hostile. Une routine pour elle, qui lui permet de mettre de l’argent de côté pour financer les études de Joe, son  beau fils qu’elle aime comme son propre enfant. Joe qui partage ce même amour pour les grands espaces et qui aime à parcourir, seul  avec elle, cette nature sauvage.

 

C’est au cours d’une de ces expéditions que le drame survient un jour. Alors qu’elle s’éloignenunavmap.jpg quelques minutes des deux touristes qu’elle accompagne un coup de feu retentit. Revenant sur ses pas en courant, Edie découvre qu'un de ses clients est mortellement blessé quand le second lui, reste prostré.

 

Que s’est il passé ? Pour le conseil du Village il s’agit d’un accident. Sans doute un chasseur qui, à distance, a confondu la victime avec un ours. D’autant que le temps était mauvais et rendait la visibilité difficile.  Pourtant, Edie est taraudée par le doute.

 

Quand une nouvelle expédition tourne à la catastrophe quelques jours plus tard, le doute n’est cette fois plus permis. D’autant qu’elle concerne directement Joe qui en était le guide. C’est à bout de force qu’il est revenu de cette sortie cauchemardesque, avec pour bilan un mort et un client  laissé seul, livré à son sort.

 

Est-ce pour cela ? Est ce parce qu’il était rongé par le remord  et le déshonneur d’avoir laissé quelqu’un derrière lui, inexpérimenté et condamné par le froid, que Joe décide  de se suicider peu après son retour?

 

INUIT.jpgPour Edie, s’en est trop ! la perte de Joe lui crève la vie et ouvre dans son cœur un abysse sans fond que même l’alcool dans lequel elle retombe ne pourra pas remplir.

 

Abîmée de sa peine, animée par une envie farouche de trouver un sens à toute cette histoire, Edie décide de s’affranchir de l’inertie générale qui touche le maire soucieux de sa future réélection et le conseil des anciens qui ne souhaite pas attirer les problèmes sur le village. Bien qu’elle ait enfin réussi à convaincre son ami Derreck Palisser, policier de son état, de s’intéresser à cette affaire, c’est seule, sur son traineau avec ses chiens pour seule compagnie, qu’Edie décide de se lancer dans cet univers blanc, sur la piste de cette vérité enfouie dans la glace.

 

M.J  Mc GRATH  signe là son premier roman. Situer l’action de son roman en pays Inuit -inuit nunavutpourrait paraître comme la démarche purement calculée d’un auteur qui cherche un endroit original pour camper son histoire. Ce n’est pas le cas pour M.J  Mc GRATH . Car cette région, ce peuple, cette culture, elle les connait parfaitement pour y avoir consacrés plusieurs ouvrages avant d’écrire celui-ci (Le lecteur y apprendra au fil des pages, pas mal de mots Inuits ).


Et c’est cette connaissance de cette région du monde et des gens qui y habitent qui fait tout l’intérêt de ce roman ! Outre une intrigue habillement construite autour d’un personnage pittoresque et qui se déroule dans des décors vertigineux, M.J Mc GRATH nous offre une McGrath MJplongée dans cette culture Inuit que nous connaissons mal. Une culture et un peuple confrontés au dérèglement climatique, tiraillés entre la modernité et l’attachement aux traditions, au cœur d’enjeux qui les dépassent.

 

Mais point de misérabilisme dans ce livre, juste une tendresse particulière pour ce peuple du froid, contraint malgré lui d’entrer et de subir ce siècle qui verra disparaître les glaces et mettre à nue l’âme de ces hommes.

 

Un roman à part, un voyage d'intrigues et de découvertes qui ouvre en grand les horizons et pousse votre imagination à vagabonder sur ces vastes étendues sauvages.


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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 14:26

Thomas H.COOK
Editions SEUIL

l'étrange destin de katerine CarrThomas H. Cook, est à l'image de la femme autour de laquelle gravite cette histoire, un étrange personnage.

 

 Derrière ce petit bonhomme débonnaire et plein d'humour, on a peine à imaginer que se cache une imagination incroyable, voire machiavélique, un magicien qui jongle avec les mots et les émotions, un alchimiste capable  en quelques mots de distiller une atmosphère qui imprègne son lecteur  pour parvenir à l'emmener sur des chemins qu'il n'aurait pas pensé ou même voulu emprunter.

 

Si un grand auteur se reconnait, entre autre, à sa capacité à surprendre son lecteur à chaque nouveau roman qu'il publie, alors incontestablement Thomas H. Cook est de cette trempe là. Car " L'étrange destin de Katherine Carr" risque fort de " cueillir " nombre de ses plus fidèles lecteurs !

 

Toute l'histoire de ce roman tourne autour d'une absence. Celle de Katherine Carr, jeune femme poète qui, vingt ans plus tôt a disparu sans laisser de traces. Enfin si peut être. Un texte, écrit de sa main et conservé jusqu'ici par son amie de toujours.

 

Georges Gates, lui, est un écrivain voyageur qui a perdu son petit garçon sept ans plus tôt.brume1 Celui ci a été enlevé , torturé et assassiné ,et l'auteur de ce crime odieux n'a jamais été identifié. La justice des hommes n'a donc jamais pu être délivrée. Depuis Gates a posé ses valises, cessé de parcourir le monde pour s'enfermer dans le sien. Un monde triste et gris, rempli de remords et de souvenirs.

 

Aujourd'hui il écrit de petits articles pour un journal local. Portraits de personnalités du coin plus ou moins connus,  entrefilets sur des manifestions éparpillées sur le territoire de la commune. Pour oublier le temps, dissiper un instant ses souvenirs, il fréquente parfois le pub de Winthrop où il aime y boire un verre ou deux.

 

C'est là qu'il retrouve un soir le policier à la retraite qui à l'époque avait mené l'enquête sur la disparition de son fils. C'est lui qui va lui parler de cette autre affaire qu'il n'a jamais pu élucider, celle de la disparition inexpliquée de Katherine Carr.

 

Vaguement intéressé au début par cette histoire, il finira par s'y plonger complètement à la suite de la lecture d'un premier extrait du texte écrit par la disparue.

 

pressEntre temps, il fait la connaissance d'Alice, une jeune fille dont la vie s'écoule par le sablier de la maladie. Atteinte de progéria , elle n'a plus longtemps à vivre.

 

Envisageant , à sa mort, de rédiger un article sur elle, Gates va finalement trouver auprès de cette petite fille dont le corps se fige mais dont  l'esprit  reste vif et vagabond , une aide précieuse pour essayer de percer le mystère de la disparition de Katherine Carr.

 

 Car c'est un bien étrange récit que délivre Katherine dans ses écrits. Celle d'une jeune fille qui lui ressemble, qui disparait à son tour. Simple fiction ou témoignage de ce qui lui est vraiment arrivé?

 

En tout cas celui-ci va rentrer en résonnance avec le drame personnel de Gates, qui n'a cessé depuis la perte de son enfant de se dissoudre dans les remords et la culpabilité de n'avoir pas tenu ce jour fatidique, la promesse faite à son fils d'aller le récupérer à l'arrêt de bus.

 

Pénétrer dans le roman de Thomas H.Cook c'est comme s'aventurer dans un palais despubc glaces. On tâtonne, on se heurte, on progresse en cherchant à comprendre la logique du chemin que l'on semble emprunter. Certains s'y perdront peut être, mais ceux qui en ressortiront auront le sentiment et le plaisir d'avoir traversé une histoire insaisissable, impalpable, embarqué dans une sorte de brouillard permanent d'où semble émerger parfois des êtres dont on ignore s'ils sont réels ou s'il s'agit de fantômes revenus d'entre les morts.

 

La construction de ce roman peut en effet paraitre complexe, car elle s'apparente à un jeu de poupées russes. Nous faisons la connaissance de Georges Gates alors qu'il raconte l'histoire de sa vie à un homme rencontré sur le pont d'un navire. Et cette histoire porte en elle celle de Katherine Carr.

 

 cook.jpgMais Thomas H. Cook se joue avec brio des difficultés, il désoriente son lecteur sans jamais lui lâcher la main; dresse des portraits saisissants tout en s'attachant à l'emmener au delà des frontières de l'invisible et du non dit.  Cela donne un roman sensoriel, où l'atmosphère brumeuse enveloppe son lecteur et devient un acteur à part entière de l'histoire qui se livre sous nos yeux.

 

"L'étrange destin de Katherine Carr" n'est pas un roman qui s'appréhende facilement, mais c'est assurément un sacré exercice d'écriture que nous offre l'auteur qui démontre une nouvelle fois, s'il était nécessaire encore de le dire, tout le talent de cette plume qui compte parmi les plus grandes du moment.

 

 

 

 

 

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L'avis des copains :

 

Claude a aimé , sa chronique ICI

 

Cannibals lecteurs aussi, à lire ICI

 

Mon ami Démosthène lui a nettement moins aimé, c'est par ICI

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 11:12
 

 

LAURA HIRD

Editions 13e NOTE

 

Nouvelles dEcosseIl m'arrive parfois d'emprunter des chemins que je n'ai pas l'habitude de fréquenter. Des sentiers qui s'éloignent des littératures policières, des pages sombres d'un roman noir pour m'aventurer sur des territoires mouvants où je n'ai pas l'habitude d'y poser un regard.

 

" Dernières nouvelles d'Ecosse" de Laura HIRD est de ces pays littéraires qu'il m'arrive de découvrir et d'aimer à parcourir.

 

Ce qu'elle nous raconte pourtant n'a rien de réjouissant. Le ciel de cette Ecosse dont elle témoigne  est plutôt terne, gris.

 

A travers une série de nouvelles, elle dresse le portrait d'une partie de cette société écossaise qui pourrait être française, allemande ou américaine. Une tranche de la population pour qui la vie est longue, lente et léthargique, avec un goût pâteux d'alcool dans la bouche. Des tranches de vie de gueule de bois, de jours qui déchantent en attendant des lendemains qui ne seront sans doute pas meilleurs.

 

 Ses personnages sont en équilibre instable sur la corde de l'existence , à la dérive, à la vbvrecherche désespérée d'une bouée, d'un point d'ancrage, surnageant à la solitude et à la violence d'un monde dans lequel ils ont du mal à trouver leur place.

 

Des naufragés silencieux dont le cri reste inaudible. Des hommes, des femmes englués dans le désespoir et dont le sexe, pour certains d'entre eux reste l'ultime moyen de se prouver qu'ils existent encore.

 

Difficile de résumer une dizaine de nouvelles qui racontent ces vies fracassées sans en dénaturer le plaisir de les lire. La plume est tranchante et dissèque froidement et  sans état d'âme cette société urbaine . Mais cette description sans concession est aussi emprunt  de beaucoup d'humanité.

 

" Hope", la première nouvelle du livre est sans doute ma préférée. Histoire de ces deux êtres qui se retrouvent pour partager le poids de la solitude, qui se cherchent mais qui n'auront pas le temps de se trouver.

 

laura-hird.jpgSi Laura HIRD est encore peu connu en France, elle est par contre devenue en Ecosse une figure incontournable et incontestée de la contre-culture anglo-saxonne.

 

"Nouvelles d'Ecosse" a été publiée en 2006 outre-manche, et nous devons aux éditions 13e notes la chance de pouvoir la découvrir ou la redécouvrir chez nous (Elle est l’auteur de L’Ongle et des Lois de l’hérédité (publiés en 2000 et 2003 aux Éditions Le serpent à plumes).

 

Un vrai plaisir de lecture, une vraie réussite que ce petit bouquin d'à peine 8€ ! 


 

                            

 

 

 

 

 
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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 14:06

LAURA WILSON

ALBIN MICHEL

 

TRADUCTION:  Valérie MALFOY

 

une mort absurdeSi un roman devait faire la démonstration que l’on peut raconter une belle histoire, passionnante et captivante sans pour cela user d’artifices plus spectaculaires les uns que les autres, «  une mort absurde » de Laura Wilson serait celui ci.

 

Voilà un roman qui vous plonge d’abord dans une époque, celle de Londres durant la seconde guerre mondiale, et vous imprègne d’une atmosphère particulière, celle d’une société dont la vie est rythmée par les explosions des missiles allemands, et des tickets de rationnement.

 

Dans cet univers d’éclats et de décombres, la vie continue, la société se réorganise à chaque instant, réinventant ce que les bombes ont désorganisé ou détruit dans la nuit.

 

Dans cette ville assiégée par les cieux, derrière le rideau de l’Histoire qui se déchire, les turpitudes humaines elles,  ont toujours cours.

 

Laura Wilson nous peint des portraits d’hommes et de femmes pris dans la tourmente de la guerre, qui désespérément tentent d’asseoir leurs existences dans un quotidien sans cesse bouleversé, où la moindre anicroche dans celle-ci peut prendre des proportions insoupçonnables. Des gens simples, qui cahin caha se raccrochent à la rambarde de leur vie en attendant de savoir où va tomber la prochaine bombe.

 

Parmi eux, Ted Stratton et sa famille. Sa femme Jenny, leurs enfants mis à l’abri à lalondres_1940.jpg campagne, Doris la sœur de Jenny et son mari. Cellule familiale qui se sert les coudes et qui n’ont pour seule richesse et unique protection que leur solidarité.

 

Quand il n’est pas flic, Ted Stratton prête main forte aux habitants de son quartier pour rechercher dans les décombres des survivants éventuels. C’est ainsi qu’il sauve Mme Ingram, récemment installée dans le quartier et traumatisée par la destruction de sa maison. N’ayant aucune famille dans le secteur, elle sera d’abord hébergée chez Doris, avant de l’être chez Jenny quand sa présence deviendra trop pesante pour sa sœur.

 

D’autant que Me Ingram a un comportement de plus en plus intriguant. Quand enfin on retrouve son mari et que celui-ci obtient une permission de l’armée pour venir la chercher, elle ne le reconnait pas et devient hystérique, criant à l’imposture. Cet état ne fera qu’empirer, étalant progressivement sa suspicion sur tout son entourage. Mais si sa place est dans un centre spécialisé, Jenny qui a vu y dépérir sa tante, se refuse à cette idée. Décision généreuse qui ne sera pourtant pas sans conséquence.

 

LondonBombed.jpgDacre quant à lui est médecin. A l’hôpital où il officie il se bâtit une solide réputation depuis qu’il y est arrivé, il y a peu. Pourtant Dacre n’est pas son nom. D’ailleurs, il n’est même pas médecin. Juste un imposteur qui à 17 ans a décidé de se débarrasser de sa véritable identité et de se faire passer pour mort, pour usurper celle des autres et vivre une vie qu’il idéalise.

 

C’est ainsi qu’il a travaillé dans une morgue pour étudier en autodidacte l’anatomie humaine, avant de s’emparer d’une identité qu’il a fait sienne pour devenir enfin médecin. Et pour protéger son subterfuge notre homme est prêt à faire quelques entorses à son serment d’Hippocrate en mettant fin prématurément à quelques existences potentiellement dangereuses pour lui.

 

En enquêtant sur la mort d’un médecin et d’une infirmière de l’hôpital, Ted Stratton se074.jpg mettra sans le savoir sur la piste de ce faussaire incroyablement malin, qui s’amuse à rebondir à chaque situation où il se retrouve en situation délicate.


Laura Wilson arrive à rendre admirablement bien l’atmosphère et l’esprit de ce Londres qui ploie sous les bombes. Une ville qui vit au rythme des alertes, de la pénurie,  dans la peur et les abris, mais dont la force de résistance face à l’adversité réside dans sa volonté farouche à continuer à vivre normalement.

 

C’est dans cette brume guerrière que se tisse une intrigue qui s’entremêle dans la vie quotidienne des personnages, et où le hasard servira de liant à un drame qui s’annonce. Et c’est bien là la force de Laura Wilson que de nous plonger dans cette ville assiégée par l’histoire, tout en nous amarrant à des histoires personnelles qui donnent au livre toute sa dimension romanesque.

 

Le lecteur est pris par le développement de l’enquête, par les Laura-Wilson.jpgvicissitudes de cet usurpateur assassin, mais en même temps s’attachera à la vie d’une Jenny rongée par l’angoisse d’être à nouveau enceinte et d’avoir peur de l’annoncer à son mari.

 

«  Une mort absurde » est un roman plein, où l’auteur s’est attaché autant à son intrigue qu’à l’épaisseur psychologique de ses personnages.

 

C’est aussi un portrait remarquable du Londres des années 40.  Sans grandiloquence, sans scènes spectaculaires Laura Wilson réussit donc un roman efficace et abouti qui nous entraine à la suite d’une Patricia Highsmith dont elle semble être l’émule.

 

«  une mort absurde est le septième roman de Laura Wilson publié en France.

 

l'avis des copains :

 

celui de Caco d'Unwalkers : link

 

celui de Jacques : link

 

celui de K-Libre : link

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 15:37

 

MICK HERRON

EDITIONS PRESSE DE LA CITE

 

traduction:Samuel SFEZ

 

la maison des tocardsQue l’on soit amateur ou non de romans et de films d’espionnage, nous avons tous des stéréotypes bien encrés dans nos mémoires de cet univers particulier, fait d’ombres et de silences, de  trahisons et de complots.


Le temps de la guerre froide, celui de ce monde multipolaire dans lequel nous vivons aujourd’hui offre une source inépuisable de scénarii pour des auteurs qui savent offrir à leurs lecteurs une vie d’aventures par procuration, où le bien triomphe toujours à la fin.


Dans ce domaine de grands noms ont apporté leur pierre à l’édifice de notre imaginaire. De William Le Queux au début du XX siècle, à Ian Flemming en passant John Bucan , sans oublier John Le Carré ou Gérard de Villiers, tous ont contribué à forger l’image de l’espion ne pouvant compter que sur lui-même, animal au sang froid ayant une parfaite maîtrise de soi et faisant face à toutes les situations. Bien sûr avons-nous retenu les gadgets de James Bond et l’ingéniosité d’un Jason Bourne. Bien sûr avons-nous compris qu’un espion ca bondissait, ca courrait et ca dansait un tango perpétuel avec la mort et qu’il s’en sortait toujours.


Alors sans doute est-il temps pour vous de pénétrer dans l’univers de Mick HERRON. Un univers où ne brille pas le flamboyant, où le temps ne court pas après lui-même, et où l’envers du décor est sombre, sent le désœuvrement et où la mort sociale étouffe peu à peu votre existence.


Vous êtes vous déjà demandé si parfois des opérations pouvaient échouer ? ce qu’il pouvaitimg_64571.jpg advenir de l’espion qui aurait pu foirer son coup ou péter un plomb au point de représenter un poids inutile pour l’administration qu’il est censé servir ?


Peut être, en vous baladant dans les rues de Londres, avez-vous pris le temps de vous assoir quelques instants sur un banc, devant une maison anodine. Peut être avez-vous vu alors en sortir un individu venant directement s’assoir à vos côtés dans une posture intimidante au point que vous avez finalement préféré vous lever et décamper au plus vite. Sans doute vous étiez vous, sans le savoir, posté trop longuement devant Slough House, la maison des tocards !


Car c’est là, dans cette banale demeure que résident les loosers du MI5. Ces agents  qui a un moment ou à un autre on planté une mission ou se sont rendus inutiles par une coupable addiction. Cantonnés à exécuter un boulot ingrat de gratte papier, à relire des échanges téléphoniques, les tocards de l’espionnage ressassent leur échec personnel comme on mâche une feuille de coca. Sauf que le suc qu’ils en tirent est d’une acidité particulièrement corrosive qui les ronge  de l’intérieur à petit feu.


balCondamnés, pas tout à fait morts, plus vraiment vivants, parqués là par une administration qui refuse de donner le coup de grâce en les virant, les laissant prendre eux même le soin de se suicider professionnellement en démissionnant, ils traînent leur faute sans échappatoire, sans possibilité d’expiation.


Dans cette maison où on se parle peu tant chacun est un miroir  renvoyant l’échec pour l’autre, on vit dans ce temps figé qui n’offre aucune perspective.


Du moins jusqu’à cette vidéo diffusée sur internet qui brutalement va faire la une des médias. Sur celle-ci apparait un jeune homme, attaché et bâillonné et un message qui annonce qu’on lui tranchera la tête dans 48h.


Pour River Cartwright l’occasion de la rédemption s’offre finalement peut être à lui de manière inespirée.hostel1-2 Accusé à tord d’être à l’origine d’une bavure lors de la simulation d’une opération anti-terroriste, celui va entrainer à sa suite ses collègues du placard pour essayer de sauver le jeune otage d’une mort annoncée.


Mais  il suffit parfois de bouger légèrement une pièce d’un plan savamment construit pour que celui-ci vacille et ne manque de s’écrouler. Et lorsque l’ on est un tocard on est bien sûr le dernier au courant des intérêts et des enjeux d’une affaire en cours. Nos has been l’apprendront très vite à leurs dépends.


Si le thème de ce roman aurait pu prêter à l’écriture d’une histoire riche en situations cocasses et pleine d’humour, il n’en est absolument rien dans le livre de Mick HERRON. Au contraire, il s’agit d’un roman sombre, noir,  un vrai roman d’espionnage, avec ses drames et ses rebondissements.


Herron.jpgL’intelligence de HERRON est de construire son roman autour de personnages en négatif. Des hommes et des femmes brisés par une faute, des damnés qui se lanceront dans cette aventure comme une fuite en avant pour réparer une erreur qui ne peut plus l’être. Des personnages d’une grande profondeur psychologique qui donne au roman, son ton si particulier et l’emprunt de beaucoup d’émotions.


Tout en gardant les spécificités d’un bon roman d’espionnage, Mick HERRON en revisite le genre. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il le fait avec une vraie réussite.


Si vous aimez les romans d’espionnage, essayez celui-ci , qui sort des sentiers battus et qui vous offrira une vision plus humaine de cet univers du secret.


Une bonne surprise de ce début d’année 2012.

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 23:44

PHILIP KERR

EDITIONS DU MASQUE

 

 

TRADUCTION: CLAUDE DEMANUELLI


enquête philosophiqueNe vous méprenez  pas, ce roman n’est pas la dernière création du célèbre auteur de « la trilogie berlinoise » qui a eu le succès retentissant et planétaire qu’on lui connait. Ecrite et publiée dans les années 90, cette œuvre de Philip KERR est en fait une réédition. Il est bon de le préciser, car ce roman n’a vraiment rien à voir avec ce que l’on connait de cet écrivain aujourd’hui.

 

« Une enquête philosophique » risque  fort d’ailleurs de surprendre ceux qui ont dévoré la trilogie. Ils vont y découvrir un univers totalement différent et un scénario original qui déjà faisait poindre tout le talent de cet auteur encore inconnu à l’époque.

 

Ici, point de trame historique, et l’intrigue ne se déroule pas dans un passé révolu mais dans un avenir encore lointain (du moins au regard la date initiale de la publication de ce roman),  encore hypothétique, mais qui par bien des aspects pourrait un jour, dans quelques décennies, ressembler au nôtre. Oubliez donc tout ce que vous croyez savoir de Philip Kerr et plongez dans l’une de ses premières œuvres, le dépaysement total y est assuré !

 

Nous sommes donc en 2013, à Londres, dans une Europe devenue Fédérale et policée. Le crime est toujours présent, mais la société ne veut plus dépenser pour enfermer ses criminels, ou pour les mettre à mort. Une solution beaucoup plus économique à été mise en œuvre : le coma punitif. Selon la gravité de votre crime, vous êtes plongé dans un sommeil profond, à mi chemin entre la vie et la mort, pour une durée allant de quelques mois, au coma perpétuel.

 

Dans cette société où tout le monde est fiché, où le citoyen ne  s’évade de son quotidien qu’à travers sa combinaison de Réalité Virtuelle, le gouvernement britannique a mis parallèlement en place un programme révolutionnaire capable de repérer dans la population les individus potentiellement dangereux, criminels et tueurs en puissance, susceptibles un jour de basculer dans la violence et de nuire à la société. Ce programme qui a été élaboré par l’Institut du cerveau a permis de repérer les hommes qui n’étaient pas dotés d’un Noyau Ventriculo Médian. Cette anomalie du cerveau prédispose en effet le sujet à l’agressivité. 0.003% de la population mâle du pays serait concerné. On les appelle des NVM.

 

Le programme LOMBROSO, c’est son nom, prévoit que ces individus, peu nombreux, soient pris en charge par l’institut pour recevoir une thérapie qui leur éviterait de commettre un jour l’irréparable. Pour protéger leur anonymat, leur nom est remplacé dans les bases de données de l’Institut par celui d’un philosophe.

 

Tout irait donc pour le mieux si un des NVM du nom du philosophe autrichien Wittgenstein n’avait décidé d’effacer des ordinateurs de l’Institut toute trace de son existence et de s’en prendre à ses « frères » en les éliminant un par un de six balles tirées dans la nuque.

 

Jack Jakowitcz  est une femme flic qui voue aux hommes une aversion totale. Elle connait bien les tueurs en série. C’est même une spécialiste en la matière.  C’est ainsi qu’elle se lance aux trousses de ce tueur philosophe qui lui, ne s’en prend qu’aux hommes.

 

Car c’est bien sur le terrain de la philosophie que va se livrer pour partie le combat, face à un tueur qui exprime à travers ses actes l‘affirmation même de son existence « Pensez au principe même de l’assassinat : l’affirmation de soi, de sa propre existence, par la négation de celle de l’autre. La création de soi par l’annihilation, œuvre d’autant plus créatrice lorsque ceux qui doivent être détruits représentent eux-mêmes un danger pour la société en général, et lorsque le meurtre est accompli dans un but bien précis. Plus question de parler dans ce cas de nihilisme. L’acte de décision pure n’est plus commis au hasard, sans égard pour le sens qu’il peut avoir. » .

 

Un tueur qui revendique ses crimes comme l’expression d’un art créateur. «  Nous voyons philip.kerr.jpgdonc à quel point le crime est fondamental dans nos sociétés. Qu’il puisse ne pas exister est tout aussi impensable que pour le mensonge de ne pas exister. Et c’est en cela que réside son importance artistique.(…/…) Que le meurtre puisse s’inscrire dans le cadre d’un idéal artistique répond à une idée plus répandue qu’on ne pourrait le croire. Les gens débattent de la notion de crime parfait beaucoup plus fréquemment  qu’ils ne le font du tableau, de la symphonie, du poème parfait. »

 

Quant à l’immoralité de son art, le tueur se retranche derrière l’écrivain Thomas de Quincy qui « selon lui tant qu’un meurtre n’a pas été commis, tant que seule l’intention de tuer est en cause, il nous incombe de l’appréhender sous l’angle de la morale. Mais une fois le meurtre commis, ajoute-til, à quoi bon s’encombrer de vertu ? A quoi bon en effet ? Suffit pour la morale. Passons au goût et aux beaux-arts.


C’est donc à une enquête hors norme que se livre Jack Jakowitcz. Un combat ou l’issue n’est pas aussi manichéenne que l'on pourrait croire.

 

Disons-le tout de suite, « Une enquête philosophique » n’a rien d’un roman de plage. Il exige du lecteur une certaine concentration pour en appréhender toute la finesse, et pour en suivre le raisonnement.  Mais il serait dommage de passer à côté de ce roman original qui ne laisse pas le lecteur indifférent. Sans être un roman d’anticipation, celui ci aborde le crime sous un angle original, où la logique prévaut sur la psychologie.

 

Et si la logique n’était que pure folie ?

 

 

Pour compléter mon propos je vous invite à découvrir l'avis de ma copine de La Ruelle Bleue c'est pas là link

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Published by Eskalion - dans Auteurs Britanniques
10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 10:57

aux Editions LIANA LEVI

arrêtez moi là« Ah que le hasard fait parfois bien les choses ! » Combien de fois dans notre existence n’avons-nous pas prononcé ces quelques mots pour souligner un moment inattendu, riche de joie imprévue,  de perspectives ou d’opportunités  inespérées ? Sans doute que Jeff  Sutton, chauffeur de taxi de son état, les a-t-il un jour prononcés lui aussi.

 

Sans doute que c’est même ce qu’il lui est venu à l’esprit  lorsque celui-ci , qui ne vient habituellement pas charger de clients à l’aéroport, tente sa chance ce soir là et décroche une course qui le conduit dans les beaux quartiers de la ville avec une belle commission à la clé !

 

Pourtant, il arrive parfois que ce hasard vienne jouer les grains de sable dans nos existences bien ordonnées, qu’il nous projette alors dans un tourbillon cauchemardesque où nous ne devenons plus que les pions d’un scénario écrit par d’autres mains, que nous ne maîtrisons pas et où l’on tient forcément le plus mauvais rôle. 

 

Plongez dans le shaker de la vie celle d’un innocent, rajoutez y comme ingrédient  une police que se fourvoie, un avocat commis d’office minable, une meute journalistique qui crie la mise à mort, un juge décidé d’en finir promptement, un couloir de la mort comme cadre de vie et un tueur psychopathe comme seule compagnie, et  secouez le bien fort. Vous obtiendrez alors  un cocktail à l’aspect sombre et au goût particulièrement amer.

 

Quand les flics déboulent dans son appartement et lui passent  les menottes pour le conduire prestement au poste de police, l’existence ordinaire et bien rangée de Jeff Sutton  prend fin. Lui qui se faufilait dans la vie sans jamais se faire remarquer, dont les balises de son existence résumaient à sa lessive du mercredi soir, sa distraction quelconque du jeudi et à l’engourdissement du vendredi soir, se retrouve embarqué  malgré lui dans le grand huit judiciaire américain.

 

La vie n’est qu’une question de perspective. Les actes quotidiens de l’existence, comme déposer une cliente devant sa demeure, la suivre jusque chez elle car elle n’a pas assez d’argent pour vous régler, s’intéresser à ses fenêtres le temps qu’elle trouve sa monnaie  à l’étage,  en vous rappelant que vous en posiez dans une autre vie professionnelle, sont des choses bien anodines. Tout comme le fait de nettoyer à la vapeur les banquettes de votre taxi, parce que l’une des deux jeunes filles éméchées que vous avez accepté de transporter officieusement après votre service, a eu la bonne idée d’y déposer le souvenir de ses excès éthyliques.

 

Mais vu sous le prisme de la police qui cherche à mettre la main sur le kidnappeur d’une fillette et à retrouver le corps de cette dernière, les choses prennent une toute autre signification ! Des empreintes sur les vitres de la victime, des preuves que l’on efface à la vapeur, et les jeunes filles alcoolisées qui auraient été transportées qui sont introuvables. Il n’en faut pas plus pour faire enfiler le costume de coupable à Jeff Sutton.Et il lui va si bien !

 

Le roman de Ian Levison est une charge contre le système judiciaire américain. Une de plus iain-levison.jpgdirons certains. Sans doute, mais la force de ce roman réside dans le fait que le personnage principal semble accepter sa déchéance avec résignation, pour mieux la supporter. Il n’est en rien révolté, ne s’insurge pas contre le tort qui lui est fait, il subit en observant  toute l’absurdité d’un système qui le détruit. Il est le témoin de cet acharnement aveugle. Jeff n’est pas un héros, juste un type ordinaire tiré de sa vie banale de chauffeur de taxi pour servir de faire valoir à une justice spectacle qui réclame son dû.

 

C’est cette résignation de cet individu broyé, habillé de sa seule ironie, qui rend la charge de l’auteur encore plus efficace, car tout combat est inutile.

 

 Ce qui est important n’est pas de savoir si vous êtes innocent, mais de savoir si vous avez les moyens de l’être. Quand la situation de Jeff prendra finalement une autre tournure, ce sera grâce au potentiel financier qui pourra être retiré de son affaire par un grand cabinet d’avocats qui aura flairé le bon coup. Car la société américaine est ainsi faite, à toute chose malheur est bon ! Le soucis de justice et d'équité n'est qu'accessoire .

 

Un roman puissant, percutant par la mise à nue d’un système qui ne se remet jamais en question, qui broie coupable comme innocent, à seule fin de rassurer une société qui ne veut pas douter d’elle-même, et qui démontre qu’il y a parfois plus d’humanité à partager en prison qu’à l’extérieur dans cette société prétendument civilisée.

 

«  Quel monde merveilleux ce serait si les ignorants étaient un peu moins sûrs d’eux » dira Jeff.

 

Tout est dit !

 

Avant de conclure ce billet, je voudrai souligner le soin apporté par les éditions LIANA LEVI à la couverture du roman que je trouve pour ma part magnifique. La plus belle en tout cas depuis ce début d’année !

 

Enfin, mon ami Cynic ayant lui aussi beaucoup apprécié ce roman, il serait dommage de ne pas profiter de son billet dont je vous mets le lien ici : link

 

 

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