REPLAY
« Voir le Monde dans un grain de sable et le Ciel dans une fleur sauvage. Tenir l’Infini dans la paume de sa main et l’Eternité dans l’heure qui vient ». James BLAKE
Je viens de passer un très agréable moment de lecture en compagnie de ce roman atypique que j’ai lu en un temps record tant celui-ci m’aura accroché. Je dois sans doute cet intérêt à la prouesse de l’auteur K. GRIMMWOOD qui partant d’un thème déjà traité dans la science fiction, a su éviter tous les pièges et les grosses ficelles du genre avec un thème aussi peau de banane que celui qui sert de trame à cette histoire.
De quoi s’agit-il ? Jeff Winston, directeur de l’information d’une station radio meurt subitement d’une crise cardiaque alors qu’il est au téléphone avec sa femme. Fin de l’histoire. Enfin presque, puisque celui-ci se réveille dans une chambre. Les premières secondes d’hébètement passées, il commence à reconnaître l’endroit, et fini par comprendre qu’il est dans sa chambre d’étudiant !
Notre personnage vient de remonter le temps !
Très vite va se poser pour lui la question de savoir que faire de cette seconde chance qu’il lui est offerte de tout recommencer, sachant qu’il a gardé intacte dans sa mémoire sa précédente existence .
Dans cette seconde vie, il fera donc des choix, il construira une autre histoire, prendra un autre chemin. Un chemin qui serpente dans un monde prévisible et attendu, jusqu’à cette mort si familière qui viendra tout anéantir et l’emporter une nouvelle fois, le même jour à la même heure.
Mourir à nouveau, pour se réveiller encore, et se souvenir toujours. A travers ses différents « replays » qu’il va vivre, notre personnage connaitra une certaine forme d’éternité, mais une éternité qui est avant tout synonyme d’inachèvement permanent. Pourquoi construire pour tout voir partir en fumée ? Pourquoi créer ou donner la vie pour ne pas voir grandir ? Quels sens donner à ces vies où finalement nous ne sommes plus liées à nos fautes et nos erreurs antérieures comme le dira l’un des personnages? Au fil des « replays » , les souvenirs de notre personnage se chargent de mélancolie et de tristesse, ils coiffent la douleur de savoir ce qui a vécu et ce qui ne sera plus.
Difficile de parler de ce roman sans en éventer ce qui en fait tout le charme, et je m’en garderai bien. Mais cette histoire et aussi une belle histoire d’amour, une magistrale soif de vivre, où la vie a besoin de la mort pour prendre tout son sens, mais pas cette mort de papier, qui ramène toujours dans le passé, et qui triche avec l’existence en l’empêchant d’aller au bout et de s’accomplir.
K. GRIMMWOOD a écrit un roman magnifique dont il maîtrise tous les aspects avec maestria. Aucune faille dans son scénario, et le roman est puissant par la dimension humaine de ses personnages. Avec ces histoires chaque fois réinventées, l’auteur se livre à un numéro de funambule particulièrement bien réussi.
Je ne peux que vivement vous en recommander la lecture.
Quant à l’auteur, aujourd’hui décédé, je me plais à l’imaginer de vivre les même aventures que son personnage.