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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 17:59

OLIVIER MAUREL
EDITIONS JIGAL

 

 

l'autel des naufragésC'est une nouvelle plume qui fait son apparition dans le paysage déjà bien fourni des éditions JIGAL.

 

Avec " l'autel des naufragés", Olivier Maurel nous livre son premier roman, un thriller dans les règles de l'art qui ne manque pas d'originalité, même si comme tous les premiers romans, on peut lui faire quelques legers reproches.

 

Le commissaire Andréa Slick est un as de la B.R.I , la Brigade de recherche et d'intervention. C'est lui qui se voit confier l'enquête suite à la découverte d'un corps sauvagement mutilé d'une jeune femme retrouvé dans un monticule de neige.

 

Très vite il semble évident que la partie qui vient de s'entamer avec le tueur va s'avérer particulièrement  ardue. Les circonstances du meurtre ne laissent en effet aucun doute sur la détermination de l'assassin ni sur son degré de perversité. Ne laissant aucune trace derrière lui, il opère avec méthode et sang froid.

 

Pour preuve, la victime a eu le corps entièrement rasé, a subi des sévices avant d'être couteauégorgée puis achevée de deux balles dans la tête. Sur son corps un soleil noir tatoué constitué d'une croix gammée entourant le nombre 18 . A cela se rajoute la signature du tueur, un " numéro 1" suivi d'une citation tatoués en lettres de sang sur la malheureuse qui laisse présager une suite sanglante à venir.

 

C'est à partir de ces maigres éléments qu' Andréa Slick s'engage sur les traces du meurtrier et va devoir échafauder sa stratégie pour mettre la main sur ce serial killer avant qu'il ne récidive. Il lui faudra agir vite, car le tueur, dans son repère, a déjà  commencé à torturer sa nouvelle victime.

 

Dans la collection des romans policiers publiés par les éditions JIGAL on trouve une flopée de policiers et détectives à la personnalité bien affirmée , qui portent en eux un vécu parfois douloureux. Des flics hors du commun, souvent marqués par la vie, mais qui cahin caha, sans illusion sur le genre humain, continuent à poursuivre le criminel pour lui faire rendre comptes.

 

haAndréa Slick est sans aucun doute de ces personnages là. Mais il sort véritablement du lot tant il porte en  lui quelque chose d'unique qui le distingue incontestablement de ses collègues et de ses congénères.

 

Fils d'un ancien tueur de la DST, il partage avec son père comme avec tous les membres masculins de sa famille cette faculté à voir la mort arriver et s'abattre sur autrui.

 

Lourd héritage familiale s'il en est qui a conduit en son temps son père, et d'autres avant lui, au suicide. Slick  lui aussi a caressé cette idée salvatrice qui le délivrerait de ce don destructeur qui lui gangrène la vie et de ses penchants pour la violence qu'il a de plus en plus de mal à contenir. Mais il continue de vivre avec, supportant comme il peut cette malédiction.

 

Olivier Maurel nous met en perspective deux personnages qu'à première vu tout semblecatac opposer, mais qui partagent pourtant la même fascination pour la violence et la mort. Dès lors Leur confrontation ne pouvait  être qu'explosive et dévastatrice.

 

Un roman rythmé par l'alternance du point du vue du tueur et celui du policier lancé à ses trousses, un univers sombre et létal, fait de cave froide, d'arme blanche et de sang, où il y a peu de place pour un rayon d'humanité , sauf peut être pour Slick, dans le regard infini d'une femme.


Olivier maurelSi la spécificité de ce flic à voir la mort venir n'apporte finalement pas grand chose à l'histoire, du moins ne la pénalise t-elle pas et lui donne un soupçon d'originalité. La connaissance de l'auteur des rouages des différents service de police est par contre évidente, mais peut être un peu trop prégnante dans la narration.

 

A l'inverse de ces quelques remarques, Olivier Maurel retranscrit parfaitement la mécanique schizophrénique de l' assassin et toute l'ambigüité de ce policier torturé, qui se démène pour rester dans la lumière et ne pas sombrer dans la violence et les limbes de la perdition.


Mais on ne refoule pas éternellement sa vraie nature et on ne sort jamais indemne d'une telle confrontation.

 

Pour un premier roman Olivier Maurel s'en sort plutôt bien. " l'autel des naufragés" est un roman plaisant à lire  où le suspens est ménagé jusqu'au bout ! A découvrir donc !

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15 août 2013 4 15 /08 /août /2013 18:13

MATHIEU PICARD
EDITIONS COUPS DE TETES

 

 

la foire aux organesAvec un titre aussi explicite que celui ci, le lecteur sait à quoi s'attendre !


 Depuis une dizaine d'années que les séries américaines et consœurs prennent pour cadre le milieu hospitalier nul doute que celui ci n'a plus de secret pour vous. Du moins ca, c'est que vous pensiez avant d'ouvrir le roman de Mathieu PICARD.

 

Venez donc, entrez dans cet hôpital où officient les personnages de cet auteur qui signe avec " La foire aux organes" son premier roman. Un bouquin d'à peine 150 pages mais qui donne un bon aperçu de l'univers complètement déjanté de cette jeune plume française.

 

Ici point de chevaliers en blouse blanche imbibés de bon sentiments . La vie n'a de sens que si elle a une valeur marchande. L'hôpital est aussi une entreprise et la médecine, un secteur hautement concurrentiel. Il faut faire tourner boutique. Ici comme ailleurs des enjeux financiers sont à l'œuvre et donnent le sens de la marche.

 

Simon Becher Jr est jeune. Et comme beaucoup de jeunes de son âge, l'insouciance, laacc.jpg vitesse, le sentiment d'immortalité l'attire inexorablement vers les arbres des bord de route. Dans l'élan tempétueuse de sa jeunesse, c'est encastré dans l'un d'entre eux qu'il finira un jour sa course.

 

Si la femme qui l'accompagnait est partie avec les anges, Simon lui, va rester en enfer, parmi les hommes, relié à la vie par le moteur des machines qui ont supplanté ses organes défectueux. Plongé dans les limbes comatiques il garde une certaine conscience tandis que l'on s'agite autour de lui.

 

Simon n'est plus en état de décider quoique ce soit. Rester en vie ou vouloir partir n'est pas un choix qu'il lui est accessible. D'ailleurs pour tout dire, sa vie ne lui appartient plus.

 

urgences-hopital.jpgCar si s'incruster dans un arbre en disait déjà long sur l'efficience de sa bonne étoile, la présence de son père dans le scénario de ce qui lui reste de vie , aurait tendance à transformer celle-ci en véritable trou noir .  


Haut dirigeant d'un groupe pharmaceutique, à fond dans le business, c'est un homme froid et calculateur, un dominant ascendant carnassier.  A l'inverse son épouse est soumise ,obéissante , et laisse l'organisation de son existence aux bons soins de son époux.

 

C'est parce qu'elle est effondrée que Simon Becher père va décider de tout entreprendrechir-jpg pour sauver son fils. Et peu importe qu'il faille en passer par trois ou quatre greffes d'organes vitaux coup sur coup. La fin justifie les moyens et dans la balance les avis des chirurgiens ne pèsent rien.

 

 D'autant qu'à travers lui, sa société va peser de tout son poids et de son influence pour entreprendre cette première médicale. L'occasion étant trop belle d'utiliser pour la première fois un produit mis au point par ses laboratoires de recherche. Un pactole assuré en cas de succès. Alors le fiston peut bien se prêter au jeu.

 

A première vue, voilà un roman d'un cynisme effroyable, à des années lumières de l'univers humaniste décrie à longueur d'épisodes dans les séries américaines et autres.

 

prod.jpgDénonciation de l'acharnement thérapeutique, du lobby des grands groupes pharmaceutiques plus soucieuses de profits et de rentabilité que du bien être du genre humain, Mathieu Picard, s'il n'inove pas sur le sujet, réussi néanmoins à signer un roman glaçant à souhait.

 

Dans cet univers à vous donner froid dans le dos, c'est à travers les personnages secondaires du roman que le lecteur trouvera des traces d'humanité et de compassion, à l'image cette infirmière criblée de dettes mais qui s'attache à la personne de Simon Becher Jr et veille sur lui avec tendresse.

 

Et c'est là toute l'intelligence de l'auteur que de laisser entre apercevoir des rayons d'humanité prod3.jpgà travers ces tranches de vie quotidienne de ces personnages de second plan, mettant ainsi en exergue toute la monstruosité de l'entreprise opéré par le père de la victime.

 

En 150 pages Mathieu Picard donne un aperçu de son talent et de sa faculté à condenser en peu de ligne une histoire qui donnera paradoxalement au lecteur le plaisir de se retrouver mal à l'aise.

 

Car impossible pour lui d'ignorer que nous passons tous un jour, pour une raison ou pour une autre, par la case "hôpital" et que peut être le cobaye, la prochaine fois, ce sera lui.

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 18:36

Patrick CHAMOISEAU              
Editions LA BRANCHE

 

 

coupdecoeur

hyperion-victimaire"...Et même si l'odeur du sang est boueuse, lourde et grasse, j'ai toujours vu dans les yeux des nuisibles d'abord l'effroi, puis l'étonnement, puis la douceur inquiète de celui

 

qui commence à s'envoler, dans une légèreté de cils et de paupières, un engourdissement subit qui se prolonge par une lente et profonde indolence."

 

Il faut parfois parcourir un long chemin pour connaître dans sa vie un basculement, cette pichenette du sort ou du hasard pour que tout se renverse, tout culbute sans crier gare vers un possible que l'on avait tant espéré ou redouté, et qui est là, soudain devant vous, à vous en faire frémir de peur ou d'espérance.

 

Pour Eloi Ephraïm Evariste Pilon, inspecteur de police, il aura fallu attendre sa toute dernière nuit de garde , de son tout dernier jour de flic, pour croiser ce à quoi il avait toujours voulu être confronté, la route d'un tueur redoutable qui mettrait à l'épreuve ses capacités d'enquêteur.

 

Mais c'est à l'Immonde, à la quintessence du mal absolu, à ce que la Martinique à enfanter Martinique.jpgde plus abominable et qu'elle traite d' « animal" , de "zombi hystérique" , de "dorlis vampirique", ou même d' "antéchrist voudouisant remonté des enfers » que ce dernier va se mesurer.

 

Sauf que la confrontation va tourner court. Quand le lecteur se faufile dans cette histoire, l'horizon d' Eloi Ephraïm Evariste Pilon est obstrué par l'embouchure d'une arme à feu pointée sur son œil gauche.

 

Couché sur le dos, à la merci d' Hypérion Victimaire, ce tueur insaisissable qui s'apprête à lui faire exploser la cervelle, le voilà à devoir écouter la longue confession de son assassin.

 

Car ce dernier a besoin de lui parler, de se raconter, d'expliquer comment l'Archange qui sommeil en lui le transforme alors en « un massacreur, un égorgeur de chose, un défonceur de chair, un déchireur de peaux, un briseur de vertèbres, un démanteleur de hanches, d’épaules et de cous, un écarteleur de poitrine, un dérouleur de boyaux et, parfois, en certaines circonstances, un très goulu buveur de sang ».

 

flingue.jpg Tandis que le tueur met son âme à nu, le policier quant à lui met sa vie en abime en se remémorant son passé, le suicide de son épouse " partie dans la mangrove" , la fugue de sa fille dont il s'est si peu occupée et à qui il s'était promis de consacrer tout son temps une fois à la retraite. L'un revendique encore son humanité, quand le second tente de ne pas la perdre.

 

Peu à peu, ces deux monologues, l'un intérieur et l'autre oralisé, entrent en résonnance, « une proximité vertigineuse »  rapprochent les deux hommes, comme si l'un devenait un miroir pour l'autre.

 

Car ceux ci ont finalement beaucoup de choses en partage. Le même amour pour les Citroën DS, pour les grands auteurs, et certaines valeurs comme l'ordre et le respect, dont ils déplorent le délitement dans la société martiniquaise d'aujourd'hui, livrée à la coupe réglée des trafiquants de drogues, des bandes armées et à la cupidité des hommes.

 

Hypérion Victimaire n'est pas un tueur sans intelligence et sans âme. C'est un homme Citroen_DS23.jpgraffiné, un tueur cultivé qui aime la poésie. Il vénère sa DS comme une divinité, tue avec application et avec art, et c'est un homme qui a des principes. Ne tuant que les nuisibles, les pédophiles, trafiquants de drogues et autres malfrats qui sucent le suc de son île natale.

 

 Une nuit pourtant il a vécu quelque chose de traumatisant qui a ébranlé ses convictions. C'est ce qu'il raconte à Eloi Ephraïm Evariste Pilon, qui lui va comprendre avec effroi que sa fille a croisé elle aussi la route d'Hypérion Victimaire, sans jamais savoir ce qu'il en est advenu.

Car les deux hommes jamais n'échangent.

 

C'est beau, c'est noir, c'est violent, mais les mots de Chamoiseau s'adonnent à une farandole qui délivre dans ce roman une poésie et une musicalité qui transcendent l'horreur des actes odieux commis par le personnage principal , et offre au lecteur une écriture magnifique, fruit de l'alchimie du créole et de la langue française.  

 

chamoiseau.jpgC'est un voyage dans une île qui perd ses repères, soumise aux affres des excès et des travers du monde moderne, qui sacrifie sa jeunesse au chomâge, à l'alcool et la drogue.

 

Mais c'est aussi , à travers ces personnages, une déclaration d'amour à cette Martinique également magnifiée et sublimée, que les mots de l'auteur viennent caresser.

 

Un roman remarquable, un plaisir formidable de lecture qui fait " Hyperion Victimaire" mon second coup de coeur de cette année 2013.

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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 18:51

Hubert TEZENAS
Editions L'ECAILLER

or-quipapaIl arrive parfois que la poisse vous colle à la peau comme une chemise trempée de sueur sous un soleil sud américain.

 

Prenez Alberico Cruz par exemple. Voilà un homme des plus ordinaires, sans relief et qui conduit le train-train de sa vie sur les rails d'une existence qui ne connait que la morne plaine. Le genre de type anodin que l'on croise tous les jours dans la rue en allant au boulot.

 

 Son boulot à lui  justement, c'est de louer des appartements et des maisons pour le compte du patron de l'agence qui l'emploie. Un patron à bout de souffle dont il sait qu'il ne peut plus se passer de lui pour faire tourner la boutique. Un job pas très excitant certes,  mais qui lui permet de vivre sans trop avoir à se plaindre.

 

Au cours de la visite d'un modeste meublé , son client potentiel est assassiné, égorgé dans la salle de bain de l'appartement . Lui, n'a la vie sauve que parce qu'il a eu le temps de se cacher. Pourtant, c'est bien lui qui va se retrouver accusé du meurtre de cet homme,  un certain Policarpo, président du syndicat des travailleurs de Quipapa.

 

Obligé de fuir, pour Alberico Cruz c'est le début d'un cauchemar qui va l'aspirer et le projeterpresses au milieu d'un combat qui oppose les forces vives d'un Brésil qui se modernise, mais dont les fondements sociaux restent encrés dans un système quasi féodal .

 

Un pays où les propriétaires terriens ont tous les droits, y compris celui de tuer, et les pauvres pour destin , celui de s'user pour un salaire de misère dans les champs de cannes à sucre.

 

Le développement du Brésil qui a tout misé sur la production du bioéthanol pour garantir son autonomie énergétique est à ce prix.

 

Le sort du syndicaliste passerait donc rapidement inaperçu , si un journaliste de Recife , Osvaldo Lamenza, qui s'intéresse de près aux Carvalho , richissime famille de planteurs du Nordeste, n'avait eu vent de l'affaire. Ce dernier aura rapidement la conviction de l'innocence d'Alberto, et deviendra pour lui sa seule planche de salut.

 

canne-a-sucre.jpgLongtemps Hubert Tézenas a traduit les textes et rendu les idées d'autres auteurs.

 

Aujourd'hui sa plume couche ses propres mots, son propre univers littéraire, et c'est de fort belle manière qu'il signe son arrivée dans le paysage du roman noir.

 

En jouant de phrases et de chapitres courts, en alternant les modes narratifs , l'auteur donne à son roman un rythme soutenu, qui plonge son lecteur dans une réalité encore bien présente au Brésil, celle de la confrontation entre deux mondes et  deux visions de l'avenir, caractérisée par les personnages principaux de ce court roman de 200 pages.

 

Celui de la ville, tout d'abord,  représenté par  Alberico Cruz, où le brésilien de base peut espérer par son travail et sa persévérance entrouvrir  quelque peu les portes de l'ascenseur social, et profiter des miettes du progrès économique qui dynamise le pays.

 

Celui de la campagne ensuite , où la terre est confisquées par les grands propriétairespaysans.JPG terriens qui règnent en maître et exploitent la misère à leur profit,  où le paysan pauvre n'est qu'une " pièce", comme peut l'être n'importe quel outil agricole.

 

La soumission à ces riches planteurs blancs , cupides et brutaux, dont le personnage de  Kelbian Carvalho en est un parfait exemple dans ce livre, est de mise, et l'horizon reste définitivement barré de noir.

 

C'est dans ce Brésil que vous emmène Hubert Tézenas, sur les trace d' Alberico Cruz , qui lui aussi va découvrir bien malgré lui ce pays qui est le sien et qu' il connait finalement si mal. 

 

TEZENAS-Hubert.jpgVous étoufferez sous l'odeur pestilentielle de la bagasse* , découvrirez la misère et de ces quartiers de paysans pauvres, et prendrez la mesure de ces forces contradictoires qui s'affrontent, de cette violence sociale qui perdure dans ce pays en plein essor économique.

 

A l'heure où les Brésiliens descendent en masse dans les rues pour réclamer plus de justice sociale, un plus juste partage des richesses, le roman d' Hubert Tézenas arrive à point nommé pour porter un éclairage sans concession sur ce pays qu'il aime tant.

 

Un premier roman de grande qualité, une écriture sobre et efficace qui fait de " L'or de Quipapa " une des bonnes surprises 2013.

 

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* La bagasse est le résidu fibreux de la canne à sucrequ'on a passée par le moulin pour en extraire le suc

 

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"

Découvrez l'auteur grâce aux copains de "FONDU AU NOIR qui consacrent un article à l'auteur dans le dernier numéro de L' INDIC ( que tout fan de polar se doit d'avoir. Sur abonnement. ) et à travers l'émission " FAIS PAS TA ROSIERE" dont vous trouverez le lien vers le podcast sur le site , c'est par ICI

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A voir aussi du côté de DUCLOCK , par ICI

 

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tous les livres sur Babelio.com
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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 20:58

GILLES VINCENT
EDITIONS JIGAL

beso de la muerteElle est revenue !! Mon héroïne préférée, ma commissaire fétiche!

 

Un corps bâti dans le roc enfermant un cœur de feu, d'une féminité flamboyante et d'une fragilité intérieure qui vous fait rendre les armes au plus dur des rebelles. Cette sacrée bonne femme , c'est Aïcha Sadia, commissaire de police officiant à Marseille.

 

J'avais fait sa découverte dans l'excellent  PARJURES de Gilles Vincent. A l' époque je l'avoue, j'étais tombé sous le charme de la donzelle !

 

Elle est donc de retour dans le dernier roman de cet écrivain à l'avenir prometteur. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne lui tiendrai pas rigueur de ne pas lui avoir donné cette fois ci le rôle principal de son roman " Beso de la muerte" , d'autant que celui ci est, à mon sens, encore meilleur que le précédent.

 

Cette fois ci Gilles Vincent nous embarque dans une intrigue tortueuse qui va nous ramener lorca.jpgdans un passé fait de tumultes, de sang et de larmes.


Ce passé, c'est celui de l'Espagne, du temps de la guerre civile, du temps de la conquête du pouvoir par les forces phalangistes.  

 

Mais l'histoire fait parfois des ricochets sur la surface du temps, et les souvenirs qui restent parfois à fleur de présent nous conduisent aussi vers une autre page sanglante, plus récente celle-ci, celle des GAL qui assassinaient les activistes basques sur le sol français dans les années 80.

 

Quel lien peut-il bien y avoir entre ces deux époques séparées d'une cinquantaine d'années?

 

C'est bien ce que finira par essayer de comprendre Thomas Roussel, un flic basé à Pau.

 

Thomas est un homme valdingué par la vie, abîmé par l'existence au point d'avoir un jour mis le canon de son arme dans sa bouche. Il abaissera son flingue et finalement, quelques années plus tard, ayant remonté la pente, il finira par trouver l'équilibre et le bonheur.

 

gal.jpgPourtant, le jour même de son mariage un appel téléphonique va le ramener bien malgré lui à cette époque où il n'était plus que le fantôme de lui même.

 

Au bout du fil, Claire, son ex qui l'avait plaqué quatre plus tôt de manière brutale. Affolée, elle l'appelle au secours. Ayant mis à jour  quelque chose d'explosif, sa vie est en péril.

 

Pas le temps d'en savoir plus, des cris,  la communication qui s'interrompe brutalement. Juste le temps d'entendre  une dernière fois la voix de Claire hurler un nom, " el capitan".

 

Thomas va rouler toute la nuit pour Marseille. Mais c'est un cadavre carbonisé abandonné sur les voies ferrées, et Aïcha et son équipe qui l'attendent là bas. Pour Thomas, le coup est rude.

 

En unissant leur force, en creusant dans le passé de Claire, cette professeur d'Espagnol quiactiviste-basque.jpg vouait un culte sans limite au poète Garcia Lorca assassiné en 36 par les hommes de Franco, Thomas, Aïcha et ses hommes vont essayer de tirer le fil d'une histoire aux ramifications lointaines et plurielles.

 

Gilles Vincent, incruste à merveille son scénario dans le passé des hommes, rappelant comme d'autres (je pense en particulier à Maurice Gouiran, autre auteur des éditions Jigal) que l'Histoire est un jeu de clair obscur, qui bien souvent  cache dans ses replis, des faits qui parfois ressurgissent avec fracas dans notre présent apaisé et bousculent nos certitudes.

 

Gilles-Vincent1.jpgNon sans talent, l'auteur parvient à emmener son lecteur dans une aventure passionnante, mêlant avec adresse les différentes facettes historiques de son scénario, tout en donnant à ses personnages une certaine charge poétique qu' expriment les états d'âmes de ses différents protagonistes.

 

Un roman assurément mieux aboutit que le précédent qui était déjà très bon, des personnages auxquels on s'attache et que l'on quitte avec regret à la fin du roman, voilà qui donne une idée du plaisir que procure la lecture de ce livre signé Gilles Vincent.

 

Quant à moi, il me tarde déjà de revoir ma belle Aïcha !

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 19:41

JACQUES EXPERT
EDITIONS SONATINE

 

Qui" Ce soir à la télé il y a " Affaires non résolues". C'est le reportage sur l'affaire Carpentras. On vient de voir la bande annonce"


" oh à cette heure là, je dormirai! Le travail de paysan, ça fatigue son homme."


" tu vas rater çà ?" "tu m'étonnes papa, tu ne peux pas l'avoir oublié, cette affaire , si ? En tout cas moi je n'ai pas oublié, je vais regarder"   .../..


 J'attrape une cacahuète, j'ai la tête ailleurs.


Si je connais bien l'affaire? Ca, oui, je la connais. Puisque c'est moi qui ai violé et tué la petite.

 

 

A une époque où dans nos sociétés tout est spectacle, où le voyeurisme assumé se conjugue avec  l'exhibitionnisme  revendiqué , où l'attraction du trash et du morbide n'a jamais été aussi forte, les émissions consacrées aux meurtres et autres affaires criminelles  ne peuvent qu'avoir une place de choix dans nos menus télévisuels.


Mais vous est- il déjà venu à l'esprit tandis que vous regardiez une de ces émissions, bienbattue.jpg installé dans votre fauteuil, que quelque part, assis lui aussi dans son canapé, entouré de sa famille, un tueur que la justice n'a jamais su prendre dans ses filets, peut lui aussi regarder la même émission que vous?


Un homme qui voit son œuvre criminelle magnifiée par la télévision qui le fait passer à la postérité cathodique.


Un homme qui sait sa victoire totale et dont le sentiment de supériorité est exacerbé par cet aveux d'impuissance de la justice et qui prends un plaisir immense à voir ses exploits racontés dans un programme.


Ce postulat, c'est celui de Jacques Expert dans son dernier roman "Qui?"


Cela fait 19 ans que le crime de la petite Laëtitia hante la mémoire des habitants du Grand Chêne à Carpentras. Que l'histoire de la ville est entachée par cet acte ignoble qui a vu cette petite fille violée et massacrée à coups de pierre.


1001019 ans que le coupable court toujours. Et le temps de la souffrance et du souvenir qui se rapproche inexorablement de celui de la prescription et de l'injustice.


L'espace d'une émission de télévision, une dernière chance est donnée à la vérité pour qu'elle parvienne à cheminer jusqu'à la lumière.


il sont quatre hommes, pères de famille, qui s'apprêtent comme des milliers d'autres français, à regarder au milieu des leurs, ce numéro d' "Affaires non résolues" consacré à celle de Carpentras.  Des hommes hantés par ce drame qui les avait réuni vingt ans plus tôt autour du corps de la petite victime qu'ils avaient été les premiers à découvrir.


Et parmi eux , le tueur.


Au fil de  l'émission vont ressurgir les souvenirs: Les fausses pistes, les suspects d'un temps,régie  et avec eux les interrogations, les questions sans réponses, les doutes, et les soupçons.


Car ce qu'ignore le tueur, c'est que sa femme qui regarde l'émission à ses côtés a déjà réuni les pièces du puzzle.

 

Au fils des ans, des petits détails sont remontés à la surface, qui se sont enkystés dans l'esprit et qui progressivement ont fait que  les impressions sont devenues des suspicions , et les suspicions des certitudes.


Jacques Expert se livre à un exercice plutôt bien maîtrisé. Le roman se déroule au rythme de l'émission, et alterne les locuteurs féminins et masculins sans toujours savoir qui s'exprime vraiment. On sait juste que "lui" est le tueur, et "elle" sa femme.


Car si le tueur parle dès le début du roman, il faudra bien attendre la fin de celui ci pour en connaitre véritablement l'identité.


jacques-expert.jpegToujours est il que les femmes respectives de ces quatre hommes ont toutes des raisons de douter, ce qui crée au fil du livre une tension qui mettra progressivement à jour les parts d'ombres de chacun et alimentera un dégoût particulièrement corrosif qui viendra à bout des dernieres réticences à croire l'impensable pour l'une d'entre elle.


Entre souvenirs des protagonistes et reportages de l'émission Jacques Expert distille savamment les indices propre à lever le voile sur la vérité mais qui sont aussi paradoxalement autant d'éléments d'un miroir aux alouettes dans lequel le lecteur se laissera prendre.


 Au final, un roman qui parviendra à plonger son lecteur dans un certain malaise. Car rien ne ressemble plus à un monstre qu'un homme ordinaire.

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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 16:33

LE POULPE- MARGOT D. MARGUERITTE

EDITIONS BALEINE

 

 

pliera bien qui pliera le dernier..Bon d'abord un aveux ! Jusqu'ici je n'avais jamais lu de ma vie une seule aventure du Poulpe !

 

Fichtre ! j'en vois déjà se précipiter sur les cageots de tomates trop mûres et les œufs nauséabonds en train de pourrir au soleil ! Que diable les amis ! Fautes avouée, faute à demi pardonnée non ?

 

Bon et si je vous dis après ça que j'en lirai  sans doute d'autres des Poulpes, je suis absous pour les 50% qui restent?

 

C'est pas que je ne connaissais pas notez bien! Non je suis bien au courant que le bougre sévit depuis les années 90,  depuis que Jean Bernard Pouy a commis ce personnage , que ce dernier lui a échappé et que dès lors il prend régulièrement en otage un auteur pour que ce dernier lui écrive de nouvelles aventures, toutes plus pittoresques et rocambolesques les unes que les autres.

 

Tiens, demandez un peu à Margot D. Marguerite ce qu'il en pense, vu que c'est lui sa dernière victime, et qu'il est donc l'auteur de " Pliera bien qui pliera bien le dernier" , le bouquin qui relate les dernières pérégrinations de notre céphalopode détective.

 

Alors, pourquoi je n'en avais pas lu jusqu'ici me direz vous? Essayez donc d'attraper un poulpe avec les mains tiens, bande de malins !

 

Mais c'est bien parce que j'ai fini par y arriver que je peux vous parler aujourd'hui de ce cher cirque2.jpgGabriel Lecouvreure , dit Le Poulpe.

 

Oh , rassurez vous, si vous vous demandez ce qu'il est devenu, il va bien ! Croyez moi, il n'a rien perdu de ses bonnes habitudes!

 

C'est au bar restaurant " Le pied de porc à la Sainte-Scolasse " que je l'ai trouvé, en train de se remettre d'une bonne cuite et en épluchant les fais divers relatés dans la presse comme on épluche des cacahuètes à l'heure de l'apéro.

 

C'est comme ca qu'il est tombé sur cette histoire. Qu'il a appris la mort de Valeria Valochero.

 

 Cette fille il s'en souvient ! Contorsionniste de son état, deux mois plus tôt il a vécu avec elle sous les draps des moments inoubliables, vu la vie sous des angles hallucinants, à côté desquels les montagnes russes et autres toboggans de la mort ne sont que de mornes plaines.

 

Travaillant au cirque Tsoin-Tsoin elle se serait suicidée, en se noyant dans un aquarium 60 cm sur 40 !

 

circuscontorsion.jpgPour Gabriel, c'est le choc ! Au point d'en tomber de sa chaise direction l'hôpital. Mais Il ne faut pas longtemps à notre homme pour retrouver ses moyens et décider d'aller voir sur place ce qu'il en est vraiment. Car paradoxalement, notre Poulpe à de la truffe ! Et il sent bien que tout ca à l'air bien suspect.

 

Alors en route pour le Lot , direction Chafouille-Moiletillac et  le cirque Tsoin-tsoin !

 

 Se faisant passer pour un journaliste, il ne tardera pas à faire tout un foin de cette histoire et de décider de s'installer à demeure dans le cirque, au grand désespoir de Tagada le patron !

 

Mais à peine aura t-il  le temps de gouter au plaisir des épinards au chocolat du cuisinier que les morts vont commencer à tomber comme des pellicules sur ses épaules et qu'on aura une fâcheuse tendance à confondre sa tête avec punching-ball.

 

Mais il en faudrait bien plus au Poulpe pour le décourager! C'est un teigneux et il est bien accroché à son enquête comme un morpion sur son rouston! Et vous pouvez compter sur lui pour venir à bout de cette histoire qui ne manque pas de contorsions et de rebondissements en tout genre !

 

Finalement un Poulpe ca se sirote comme un bon pastagas au soleil !Margot-D-Marguerite.jpeg

 

Se laisser aller à en lire les premières lignes c'est accepter de se faire avaler tout cru par une histoire complètement délirante, où la gouaille le dispute à la castagne, le cocasse et le croustillant au bon mot et à l'éclat de rire.

 

Bref, un bon courant d'air revivifiant que ce petit bouquin de poche qui vous apportera une bonne dose de bonne humeur pour le restant de la semaine.

 

A consommer sans modération.

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 19:50

Et si Notre Dame la nuit...

Editions de L'Aube

 

et si notre dame la nuitVoilà un titre bien mystérieux ,qui d'emblée met l'imagination en alerte. Et de mystères il en est question dans ce premier roman signé Catherine Bessonnart, connue aussi pour ses talents de comédienne.

 

c'est à une ballade dans le cœur de la capitale à laquelle elle nous invite. Chic et romantique, ce Paris de carte postale séduit toujours .Pourtant, celle ci va rapidement avoir un goût âcre, et les lumières de la ville perdre de leur chaleur pour laisser la place  un sentiment difus de dangerosité et d'angoisse.

 

L'affaire, si elle est curieuse, n'est pas du genre à faire la une des journaux. Tout au plus peut-elle susciter l'ire des amoureux des belles pierres et des monuments parisiens. En effet au cours d'une nuit, neuf statues de Notre Dame de Paris sont saccagées , décapitées avec soin.

 

Vandalisme? commande pour un riche collectionneur prêt à tout pour obtenir ce qu'il désire? difficile à dire, d'autant plus que seul un jeune artiste peintre a assisté à la scène. Du travail de pro en tout cas.

 

Mais quand peu après on retrouve dans une rue proche de Notre Dame ,le corps  d'une nd1jeune femme décapitée elle  aussi , les choses vont prendre une autre tournure.

 

Car pour Chrétien, chargé de l'enquête, le doute n'est plus permis. Même s'il n'arrive pas encore à établir une passerelle entre les deux affaires, il est intimement convaincu que celles-ci sont liées.

 

D'autant que les pistes , nombreuses, s'avèrent sinueuses et que les cadavres commencent à s' accumuler, déposés ici et là autour de Notre Dame.

 

Pour l'inspecteur, une course contre la montre s'engage. Ne manquant pas d'aura, il mène ses investigations à la tête d'une équipe qui le suit aveuglément dans ses décisions.

 

Ce n'est pas tant dans l'intrigue elle même que réside l'intérêt de ce roman que les portraits brossés par Catherine Bessonnart. La trame de l'histoire si elle est intéressante reste assez classique,  marquée par quelques longueurs.

 

nd.jpgPar contre l'auteur a un talent original pour dépeindre ses personnages. Celui  du flic, Chrétien, en est un exemple.

 

 Un type qui essaye de rester zen, ancien fumeur, séparé de Mathilde dont son cœur n'a toujours pas fait le deuil, et qui a cette étrange constance de replonger régulièrement dans son enfance.

 

Comme si quelque part, quelque chose le retenait relié à celui ci , l'empêchant de regarder la vie et l'avenir en face.

 

D'autant que de manière diffuse, s'encre progressivement dans son esprit la certitude que cette affaire le concerne directement,  qu'elle prend ses racines loin dans le terreau de son passé personnel.

 

Un portait touchant dressé sous une plume féminine qui donne à ce personnage et à ceux rencontrés au fil des pages, une profondeur émouvante, une sensibilité poignante , et une âme au roman.

 

Un roman policier qui porte véritablement un certain charme, une certaine poésie , où lesC.Bessonart.jpg ombres , furtives et insaisissables s'esquivent à la vérité et dont il faudra bien toute la perspicacité de ce flic hors du commun pour finir par les appréhender.

 

Nul doute que celui ci vivra d'autres aventure sous la plume de ce nouvel auteur . En tout cas, qu'il devienne un personnage récurrent dans l'œuvre à venir de Catherine Bessonnart et bien le souhait qu'émettra le lecteur en refermant le livre sur sa dernière page.

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 10:54

Laura SADOWSKI

sanglante sera ta finIl ne sont pas nombreux les auteurs de Thrillers judiciaires en France. Comme elles ne sont pas nombreuses les femmes qui écrivent avec talent dans le genre policier. Mais nous avons la chance d'avoir avec Laura Sadowski  un auteur qui appartient à ces deux catégories ! L'occasion d'apprécier chacun de ses nouveaux romans.

 

Disons le tout de suite, je n'ai pas pour habitude de chroniquer des romans édités à compte d'auteur. Pourtant cette fois ci je fais une petite exception à la règle , car Laura Sadowski n'est pas une inconnue pour moi.

 

Auteur de plusieurs romans tous publiés aux édition Odile Jacob , dont  LA GEOMETRIE DU TUEUR chroniqué ici même et que j'avais tout particulièrement apprécié, Laura Sadowski ,a  su trouver au fil du temps, par sa plume, son ton, l'originalité de ses scénarii un public qui lui est  devenu fidèle et qu'elle a plaisir à rencontrer au cours des différents salons qu'elle parcourt tout au long de l'année.

 

A cela s'ajoute une personnalité attachante et une gentillesse légendaire qui fait que l'on ne peut qu'avoir envie de lire et chroniquer son dernier roman.

 

Alors nous voilà donc partis dans une nouvelle aventure. Mais cette fois ci l'horizon vadoll s'élargir, s'ouvrir à l'autre rive de l'Atlantique.

 

Jusqu' ici, il n'a jamais vraiment brillé, jamais véritablement percé. Seul son cabinet situé dans un quartier prisé sauve encore les apparences , même s'il a la profondeur d'un décors de cinéma en carton pate et lui tient plus de tanière que de bureau .

 

Pourtant ce n'est pas l'ambition qui lui manque. Il a juste besoin de l'Affaire. De celles qui le révéleraient enfin et lui permettraient de faire la nique à tout ses confrères qui le raillent dans son dos.

 

 En attendant , Franck Farraud en est réduit à quémander des affaires ordinaires,  défendre ceux qui n'ont pas les moyens de se payer un avocat, à jouer les commis d'office en espérant le grand soir.

 

Et ce grand soir, c'est peut être le procureur Humbert en personne qui va peut être lui offrir. Celui ci lui propose en effet de prendre en main l'affaire d'un jeune franco-américain revenu en France après un braquage sanglant commis aux Etats Unis, mais qui a été arrêté il y a peu et pour lequel la justice française doit se prononcer sur la demande d'extradition de sa consœur américaine.

 

banque1Dossier d'autant plus facile que le procureur lui indique discrètement la faille par laquelle s'engouffrer pour faire échec à la demande américaine.

 

Du pain béni pour Franck Farraud ! Un succès couru d'avance qui va le propulser sous les lumières du triomphe. Et que ce cadeaux des dieux vienne de ce procureur, celui là même dont il couche avec la femme, il y a de quoi trouver que la vie fait parfois de drôles de pieds de nez !

 

Mais l'ambition rend aveugle, et c'est à pieds joints que Farraud saute dans le piège qui lui est tendu, comme un goujon appâté qui vient mordre à l'hameçon.

 

Parce que bien sûr l'audience ne va pas se dérouler comme prévue , que son client sera finalement transféré aux Etats Unis, parce qu'il aura beau comprendre bien trop tard qu'il a été manipulé, il ne reste plus d'autre choix à l'ambitieux avocat que de se rendre aux USA et tenter d'éviter à son client une mort qui l'attend patiemment de l'autre côté de l'Atlantique.

 

Pour les habitués des romans de Laura Sadowski, nul doute qu'ils auront plaisir à retrouver ce style rythmé qui la caractérise, cette maitrise des rouages de la justice qu'elle connait bien pour en être issue.

 

A travers l'histoire de Franck Farraud et de son client , l'auteur met cette fois ci enjustice-US.jpg perspective deux  système judiciaires que tout oppose, mais qui ont pourtant en commun cette faculté à avaler et à broyer les individus, et où finalement la justice n'est peut être pas toujours la force conductrice qui conduit une société à mettre dans la balance la vie d'un homme.

 

 Car au centre de cette toile dans laquelle est projeté Teddy Lamar, le client de Farraud,  se trouve tapis dans l'ombre une veuve noire à l'affût, prête à tout pour remettre la main sur le magot du braquage qui a disparu et que ses anciens complices, eux aussi arrêtés, accusent d'avoir planqué en plus d'être l'auteur de la tuerie qui s'en est suivie.

 

C'est un roman rythmé, sans temps mort. une histoire où les apparences sont trompeuses, où la ligne entre le bien et le mal n'est jamais claire. Et une nouvelle fois Laura Sadowski  sait donner à son roman une épaisseur psychologique en mêlant à l'intrigue des éléments de la vie personnelle des différents protagonistes. 

 

Pour autant, je dois bien avouer que si j'ai bien aimé ce roman, je n'ai cependant pas été séduit autant que  j'avais pu l'être avec son précédent livre, " la géométrie du tueur". D'abord parce que l'idée de la personne qui se trouve derrière toute cette machination ne m'a pas convaincu , question de crédibilité.

 

 laura-sadowski-copie-1.jpgEnsuite parce que le lecteur en connait ( trop)  rapidement l'identité, et du coup  le suspens s'en trouve  à mon sens, altéré. Car dès lors il n'y a guère de surprise pour cueillir ce dernier, les situations s'enchaînent et sont presque prévisibles dans la mesure où l'on sait d'ou vient le danger, qui actionne les ficelles.

 

En tout cas elles n'ont pas été surprenantes pour moi, car à aucun moment je n'ai laisser vagabonder mon imagination en me posant la question des différents possibles qu'offraient les situations proposées.

 

 Dommage qu'avec le talent qui est le sien, sa maîtrise du suspens dont elle a su faire preuve dans ses autres romans, son sens de la narration, Laura Sadowski n'ait pas fait plutôt le choix de maintenir plus longtemps dans l'ombre l'instigateur de toute cette histoire. Cela aurait sans doute engendré un suspens plus haletant.

 

Au final cela reste un bon roman , bien écrit, qui se lit facilement, mais à qui il manque une dimension suffisante pour me transporter. Celui ci devrait avoir une suite. Gageons alors que l'envol sera pour le prochain opus !

 

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Un avis plus enthousiaste de mon amie Carine: link

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 18:04

ANDRE BLANC
EDITIONS JIGAL

tortuga's bankAu moment  où les hommes politiques sont plus que jamais décriés par la population pour leur impuissance à régler les problèmes du pays, où leur discrédit s'accentue à mesure que les affaires fleurissent et mettent à jour les turpitudes de certains d'entre eux, pas sûr que le roman d'André Blanc vienne atténuer quelque peu cette image écornée de nos élus.

 

Elu, André Blanc le fut. Pas n'importe où, A Lyon. Du temps où la mairie était dirigée par Michel Noir qui devait lui aussi se retrouver sous les feux de l'actualité judiciaire, avant d'être condamné , et jeté en prison. Il en ressortira changé, avec un nouveau motif de combat, celui de l'amélioration des conditions de vie des détenus dans les prisons françaises. Mais celà est une autre histoire...

 

André Blanc est catégorique. Son roman " Tortuga's bank", n'a rien à voir  de près ou de loin , avec les évènements qui ont secoué la vie politique lyonnaise de l'époque. Mais gageons pour en avoir été un témoin privilégié qu'il s'en est nourri pour imaginer et mettre en forme l'histoire qu'il nous conte dans son roman.

 

Dès le début de son enquête le commandant Farel avait compris que celle ci serait délicate.main-armee.jpg Découvrir que la victime de la scène de crime sur laquelle on vient d'être appelé est un ancien préfet, laisse en effet rarement augurer d'une investigation rapide et sereine, comme celles qui s'inscrivent dans l'ordinaire du flic qu'il est.

 

D'emblée les choses apparaissent bien complexes. Difficile dans un premier temps de faire parler un corps, qui plusieurs jours durant, est resté livré à la chaleur estivale et au festival bourdonnant des mouches. On découvre également que des bibles rares au prix inestimable ont été dérobées . Ce détail ainsi que le fait que le corps de la victime semble disposé de façon sacrificielle , laisse imaginer que l'enquête va prendre une dimension ésotérique.

 

Pourtant très rapidement , l'intuition et la perspicacité de Farel vont le faire s'intéresser d'autres pistes. Celle d'une banque dont le nom ne dit rien à personne, la Tortuga's Bank bibledans laquelle l'ancien préfet disposait d'un compte. Il en puisera d'autres  encore dans le passé de la victime. Sa carrière de représentant de la République, sa reconversion professionnelle une fois qu'il fut remercier lors d'un changement de majorité gouvernementale.

 

Car notre homme n'était pas du genre à rester inactif. Congédié par la République il s'était reconverti dans l'immobilier en travaillant pour une société dont il faisait profiter son réseau de relations acquis au cours de ses précédentes fonctions. A sa tête, un homme, Vauclin, qui était un proche de l'ancien maire aujourd'hui décédé . Or il était de notoriété publique qu'il trempait dans pas mal d'affaires louches, sans jamais n'avoir pu être inquiété par la justice. Vauclin  ancien communiste devenu affairiste sans scrupules, semble lui, continuer à avoir une certaine emprise sur la ville.

 

Tambouille politique, blanchiment d'argent, détournement de fond, mafia, c'est dans labanque boue nauséabonde d'une ville sous influence que notre policier va devoir trouver la vérité et remonter la piste d'un certains Lupus qui semble être la pièce maitresse d'un mécano bien ordonné.

D'autant qu'à Paris, on commence à s'inquiéter de la tournure des évènements.

 

C'est un roman qui appellera sans doute une suite. En tout cas c'est tout le mal que l'on peut souhaiter à André Blanc et à son commandant de police Farel.

 

Car on aimerait en connaitre davantage encore sur ce policier taiseux et froid qui mène son enquête comme on dissèque un cadavre , de manière méticuleuse et calculée.

 

andr& blancCe roman est donc plutôt réussi. Le style est sobre et direct, l'intrigue si elle n'est pas révolutionnaire est parfaitement maitrisée et l'auteur parvient sans mal à capter l'intérêt de son lecteur jusqu'à la dernière ligne.

 

" Tortuga's bank" est plaisant à lire, l'auteur évitant les travers faciles de ce genre de scénario. Un bon point pour cet écrivain que je découvrai pour la première fois que dont j'attends déjà avec impatience le prochain roman pour me faire une idée plus précise de son univers et de son imagination narrative.

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