Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 19:00

John CONNOLLY
Editions PRESSES DE LA CITE

La colère des angesJohn Connolly est définitivement un écrivain à part dans le paysage des littératures policières. Auteur Irlandais , il campe l'ensemble de ses romans aux Etats Unis, où il a su y transplanter avec succès tout l'imaginaire de son île natale, fait de légendes, de fantômes, de croyances et de superstitions.

 

 Ses romans sont donc toujours à la frontière entre le monde réel et irrationnel, entre celui des vivants et des morts, où la réalité se dispute au fantastique. Son œuvre est comme une lisière de bois, où la lumière ne la caresse jamais totalement et où les ombres recouvrent parfois les âmes de ses personnages.

 

J'avais eu  le bonheur de lire et de chroniquer son précédent roman  LA NUIT DES CORBEAUX qui fut sans conteste une de mes meilleures lectures de l'année 2012.

 

C'est donc avec un vrai plaisir, et disons le, une certaine gourmandise que je me suis lancé dans la lecture de " La colère des anges" , onzième opus des aventures de Charlie Parker, cet ancien flic devenu détective à la suite de l'assassinat de sa femme et de sa petite fille.

 

Si celui ci à refait sa vie, a connu à nouveau la joie d'être père, il porte en lui le sceaucrash indélébile de son destin et de ces vies volées. Malgré le temps il reste un homme qui n'a pas trouvé l'apaisement.

 

Cette fois ci, l'histoire va le conduire dans les forêts du Maine. C'est là que quelques années plus tôt, deux chasseurs sont tombés par hasard sur la carcasse d'un bimoteur qui s'est écrasé. A l'intérieur aucun cadavre, aucune trace de survivants. Juste un paquet de fric et une liste de noms.

 

Les hommes tairont leur découverte et amélioreront leur ordinaire avec l'argent qu'il se sont partagés, faisant en sorte de ne pas attirer l'attention sur eux.

 

Car en ville, des étrangers posent beaucoup de questions. Le secret restera finalement bien gardé, d'autant que la zone où se trouvent les débris de l'appareil est entourée d'une superstition locale qui fait que la population du coin s'en tient éloignée.

 

for6A leur mort, l'un des enfants contact Charlie Parker  à la demande de son défunt père, pour enquêter sur cet avion et sur cette liste. Car dessus, y figure le nom du détective.

 

Mais cette liste suscite bien des convoitises, et va remettre sur la route de Charlie Parker de vieilles connaissances, des ennemis qui hantent sa vie depuis le massacre de sa famille.

 

Dès lors c'est un combat magistral entre les forces du Mal et du Bien qui va se dérouler.

 

Entre les anges déchus conduits par Brightwell , qui semble revenu d'entre les morts pour poursuivre son œuvre maléfique , et les forces d'une puissance supérieure  dont le bras armé se nomme Le collectionneur. 

 

Et c'est un chemin semé de cadavres qui conduira les uns et les autres jusqu'à cet avion etfor1 la précieuse liste qu'il contient.

 

Chaque roman de John Connolly est une pièce d'un vaste puzzle que l'auteur assemble au fil du temps. " La colère des anges" en est sans nul doute une pièce maîtresse tant cette fois ci nous en apprenons un peu plus sur ces Commanditaires qui dans l'ombre s'agitent et tirent les ficelles de leur projet malfaisant.

 

Ce roman est sans doute encore plus sombre que les précédents, et certainement plus abouti que "La nuit des corbeaux". L'auteur diffuse une atmosphère toujours plus oppressante, un sentiment de malaise qui transpire au fil des pages et donne à ce livre une patine particulière.

 

John ConnollyPlus que jamais, il joue avec les frontières du fantastique, et dans ces bois où l'ombre et la lumière s'entremêlent ,où il est difficile de discerner le vrai de l'illusion, Connolly s'y enfonce plus profondément encore.

 

Car la forêt recèle bien des secrets, bien des êtres étranges dont il est dificile d'en apprécier la nature et les intentions.

 

Particulièrement sombre donc , violent, mais non dépourvu d'une certaine poésie humaniste, "La colère des anges" témoigne si besoin est que John Connolly est en pleine forme, qu'il a encore des choses à raconter et des aventures à faire vivre à son personnage fétiche.

 

Et ce n'est pas nous qui allons nous en plaindre !

Partager cet article
Repost0
Published by La petite souris - dans Auteurs Irlandais
19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 12:30

SAM MILLAR
EDITIONS SEUIL

sam millarJe me rappelle quand j'étais collégien. Je me rappelle 1981.

 

 Tous les matins avant de me rendre à l'école, je déjeunais au son de la radio que j'écoutais toujours d'une oreille distraite. C'est au cours d'un ces matins là, que j'ai entendu pour la première fois son nom. Je n'y avais pas vraiment prêté attention, et je ne le savais pas encore, ce nom allait  m' accompagner  66 jours durant jusqu' à ce funeste 5 mai 1981.

 

A 14 ans, le jeune garçon que j'étais ne connaissait rien encore au conflit nord irlandais. Ce n'est qu'au cours de mes études universitaires en histoire que je ferai bien des années plus tard, que je devais m'intéresser vraiment à ce conflit et à ses origines, à cette guerre civile qui aux portes de l'Europe a brisé tant de destins et fait couler le sang des enfants de cette terre.

 

Au fil des jours j'ai donc suivi sa grève de la faim, vu sa déchéance physique s'accélérer à mesure que grandissait son aura au delà des murs de sa cellule, et que le pouvoir britannique se retrouvait prisonnier de la volonté indestructible  d'un homme à livrer son combat jusqu'au sacrifice ultime de sa vie.

 

J'ai fini par admirer cet homme. Il a contribué sans nul doute, avec d'autres événements delong kesh ma vie, à façonner ma sensibilité politique.

 

Il s'appelait Bobby Sands. Neuf autres compagnons de lutte devaient le rejoindre dans la tombe.

 

Sam Millar fut de ce combat, même s'il n'a pas été jusqu'à prendre part à ces grèves de la faim meurtrières. " On the briks " est son histoire.


Celle d'un gamin pauvre de Belfast qui un jour assiste avec son frère à sa première manifestation pour les droits civiques des irlandais catholiques. Ce sera le tristement célèbre " Bloody sunday " ( 13 civils abattus par l'armée britannique)  qui illustrera par de sombres images les discours de son républicain de père et qui fera rentrer le jeune Millar de plain-pied dans la réalité politique de son pays.

 

blanketprotestsA 17 ans il est en prison, là même où mourra Bobby Sands. Il y embrassera la cause de ses compagnons et les rejoindra dans la Rébellion , d'abord à travers la Blanket protest( refus de porter l'uniforme de prisonnier de droit commun) puis de la Dirty protest ( refus de se laver, étalement des excréments sur les murs des cellules).

Le bras de fer avec l'administration durera des années, jusqu'au premières grèves de la faim.

 

Millar, parle, raconte. S'il peut parfois se montrer critique vis à vis de ceux qui mènent le combat à l'extérieur, il ne condamne pas ceux qui, en prison,  finissent par baisser les bras, broyés par la machine répressive. Il témoigne.

 

De ce qu'il a vécu, de ce qu'il a enduré. Il le fait sans pathos, sobrement, allant à l'essentielbelfast-riot1  sur ces années de lutte et de souffrance.

 

Des privations, du froid qui s'engouffre dans les cellules sans fenêtres, de la bouffe avariée, des tabassages et des humiliations quotidiennes, de la violence perpétuelle des gardiens, morale ou physique, avec l'humour pour seule bouée qui le raccroche à son humanité alors qu'il est ravalé progressivement à l'état d'animal dans ces geôles britanniques.

 

Mais il parle aussi de cette vie au quotidien, de la solidarité qui l'unit à ses compagnons, partageant le peu de choses qu'ils peuvent avoir.

 

Il finira pas en sortir, vivant.

 

brinksEtat-Unis. Sam Millar a traversé l'atlantique. Oublié l'IRA, oublié le combat politique. Commence l'autre partie de sa vie, et l'autre moitié du livre. Une vie qui ne manquera pas non plus de sel. Une vie à chercher une place . Croupier dans un casino illégal, avant d'en devenir un responsable le temps que les affaires périclitent.

 

Alors avec des copains il va monter un des plus gros casses jamais perpétrés aux Etats Unis. Celui de la Brinks de Rochester. 7 million 400 . 000 dollars dont on ne retrouvera qu'une infime partie.

 

Mais tandis que la liberté semble être pour Sam une amante volage qui finit toujours par lui échapper, le hasard et la chance quant à eux, semblent veiller sur sa vie comme des anges gardiens. Et s'il passera encore par bien des péripéties c'est un homme libre qui finira malgré tout par fouler à nouveau la terre d'Irlande.

 

Emouvant, terriblement poignant dans sa première partie, la seconde elle, ressembleMillar.jpg davantage à un scénario de roman noir avec une forte dose de rocambolesque. Sans doute moins forte émotionnellement elle n'en est pas moins importante car c'est elle qui finira par conduire Sam Millar sur le chemin de l'écriture.

 

Difficile de croire qu'il s'agit là d'une autobiographie , tant celle-ci ressemble à un scénario de cinéma. Mais il s'agit bien de la vie d'un homme, combattant de l'Ira au plus fort de la lutte, devenu braqueur de banque avant  de trouver une plume salvatrice.

 

Aujourd'hui la paix trouve non sans difficulté son chemin en Irlande du Nord. Mais si les armes ont été déposées , reste une cause, un idéal qui eux continueront encore longtemps à brûler dans le cœur des irlandais républicains, celui d'une Irlande libre et unie.

 

Dernière minute : SAM MILLAR sera présent au Festival polar de Frontignan fin juin ! J'aurai donc l'occasion de l'y rencontrer !

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by La petite souris - dans Auteurs Irlandais
29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 22:11

EOIN COLFER

EDITIONS GALLIMARD

 

TRADUCTION: ANTOINE CHAINAS

 

prise directeN’allez surtout pas chatouiller Daniel MacEvoy et lui raconter que  les cheveux c’est bien une préoccupation de nana ! Il se pourrait bien que pour toute réponse de sa part, vous ne repartiez avec quelques dents en moins et les contours de son poing imprimés sur votre joli visage.


On a beau être un ancien casque bleu revenu de l’enfer, être un dur à cuir qui traîne sa vie dans le New Jersey en vivant de petits boulots, travailler pour le coup comme videur dans un casino miteux, rien n’empêche de prendre soin de son crâne usé par le temps et les aléas de la vie.


Surtout quand c’est votre meilleur ami, Zeb, qui vous y pousse ! Zeb est un médecin clandestin spécialisé dans le botox et autres spécialités susceptibles de vous rendre votre jeunesse, ou faire de votre appendice et  symbole masculin une arme de destruction massive.


La vie de McEvoy se résume donc à débarrasser la boîte où il bosse des clients récalcitrantsROL ou un peu trop entreprenants avec les serveuses, à supporter les crises d’hystérie de sa voisine du dessus qui ne cesse de le railler à longueur de nuit à travers les murs, et à attendre que ses implants se cicatrisent et que sa  tignasse repousse.


Pourtant, ses cheveux devront attendre. Son artiste capillaire préféré justement a disparu. Zeb n’a plus donné signe de vie depuis quelques temps.

 

Quand McEvoy se rend à son domicile il y fait une bien désagréable rencontre. Le bras droit de Mike Madden , un trafiquant notoire l’y attend. N’ayant pas le sens de l’hospitalité, la rencontre sera funeste pour l’homme de main.


Comme une tuile n’arrive jamais seule, quand il retourne au boulot il découvre que Connie, serveuse au casino et seule capable de rallumer la flamme de son cœur de baroudeur, vient d’être assassinée d’une balle en pleine tête. De quoi vous mettre de méchante humeur, surtout quand les flics font de vous le suspect idéal.


videPris dans un engrenage dont il ne comprend pas encore le sens, Mc Evoy devra se fier à son instinct pour se sortir de cette mélasse dans laquelle il a mis les pieds.


Un roman qui percute, efficace et rythmé. Quelque chose qui tient en haleine et  donne envie de s’enfoncer dans le fauteuil pour ne reposer le livre qu’une fois terminé. Voilà qui résume parfaitement l’idée que je me fais de ce premier roman noir signé  Eoin COLFER.


Pourtant l’auteur  n’est pas un inconnu. Celui-ci a écrit la série jeunesse « Artemis Fowl ». En 2008 il est sollicité pour écrire le sixième opus de la série «  H2G2 » , plus connu sous le titre du «  Guide du voyageur galactique » et initiée en 1979 par Douglas Adams.  Cet épisode sera publié en France en 2010.


A la vue de ce parcours littéraire, j’aurai pu légitimement craindre le pire. Combien d’auteursarme se sont essayés au roman noir, un genre qui n’était pas le leur, pour engendrer un livre sans aucune saveur et d’une banalité affligeante ?


Et bien cette fois , Eoin COLFER lui, fait parfaitement exception  à la règle. Et le lecteur passerait assurément à côté d’un très bon roman s’il décidait de ne pas franchir le seuil de la couverture pour se plonger dans la lecture de celui-ci.


Il croisera des personnages pour le moins originaux. A commencer par le personnage principal, cet ancien soldat dont on se demande s’il est vraiment revenu indemne de ses missions pour l’ONU, tant celui-ci à une faculté spécifique à entendre des voix, en particulier celle de son ami disparu. Celui ci est en effet omniprésent dans son esprit et n’aura de cesse d’intervenir à chacune de ses actions pour placer un bon mot, pour le railler ou le provoquer.


 Eoin_Colfer.jpgAjoutez à cela une voisine hurlante et psychotique, une inspectrice flingueuse de flic, un avocat pour le moins louche et un caïd, clone capillaire monté façon armoire irlandaise, et vous aurez une idée de cette gallérie de personnages atypiques qui vous attend.


Avec des dialogues souvent croustillants, un humour décapant qui court tout le long du roman, et un sens de la narration innés, Eoin COLFER, signe avec « Prise directe » un roman abouti qui , pour une première escapade dans le roman noir, est une vraie réussite.


« Prise directe » est assurément un des meilleurs romans que j’ai lu depuis le début de l’année 2012 !


Je ne peux que vous en recommander la lecture !

 

l'avis des copains d'Unwalkers : link

 


Partager cet article
Repost0
Published by La petite souris - dans Auteurs Irlandais

Présentation

  • : Le blog de passion-polar.over-blog.com
  • : mes lectures et mes coups de cœur dans le domaine du polar.Sans aucune prétention.
  • Contact

Prochain salon

image002.jpg

Rechercher

Revues à se procurer !

ob_649826ad1838a9264b20566415d85c54_115.gif

 

crimes-et-chatiments.jpg

N°5 sortie le 30/05

temps noir

 

 

 

CouvAlibi08P.jpg

 

Indic15Couv.jpg

parution le 26 juin

Sur abonnement uniquement

une surprise pour tout abonnement

le site : link

Archives

Prochaine chronique:

utopia.PNG

Sous mon marque page...

 

a-l-aube-d-une-autre-guerre.jpg

Mes prochaines lectures...

  Dans le désordre...

 

 

  chamamé

 

 

le-phyto-analyste.jpg

 

les_machoires_du_passe_01.j_1.jpg

 

 

 

 

flic-ou-caillera.jpg

 

  le-manuel-du-serial-killer-

 

 

 

ta mort sera la mienne

 

messe noire

 

des-noeuds-d-acier.jpg

 

 

Jamais-vue-Burke.PNG

 

 

Passion Polar sur Facebook