Editions de l'ARCHIPEL
traduit par Daniel LEMOINE
Les femmes et l’argent n’ont jamais fait bon ménage, c’est sans doute pour cela qu’ils sont de parfaits amants !
Quand Karen qui avait filé le grand amour avec Samir, propriétaire d’épiceries fines mais aussi prêteur sur gage, décide de le quitter et de réclamer les 300.000 dollars qu’elle lui avait confiés pour les faire fructifier, elle reçoit pour solde de tout compte, intérêts compris, un coup de poing magistral en pleine figure qui fait atterrir ses prétentions sur les fesses !
Là où nombreuses sont celles qui en auraient pris leur parti en faisant une croix sur leurs économies, Karen elle, est bien décidée à récupérer coûte que coûte ce qui lui appartient. Et ce n’est pas un macho gonflé à la testostérone et entouré de malabars qui va l’impressionner.
Aussi , quand quelques temps plus tard ,elle est surprise en pleine nuit par deux petites crapules venues alléger Lou , son nouveau compagnon de vie, de quelques milliers de dollars gagnés au casino où il a été repéré par une complice des deux lascars, Karen flaire l’opportunité de mettre à exécution le plan qu’elle a concocté pour récupérer son argent.
C’est en leur faisant miroiter un pactole plus conséquent, qu’elle arrive à convaincre sans grandes difficultés les deux petites frappes de s’introduire dans la demeure de son ex, Samir , afin de lui dérober son coffre fort contenant plus d’un million et demi de dollars.
Et le résultat sera à la hauteur des qualités du personnel recruté pour mener à bien l’objectif fixé. Le cambriolage tournera au fiasco avec la mort d’un homme, et Samir sera expédié dans le coma à l’hôpital.
Quand le trio se retrouve, et qu’il découvre que le coffre est vierge de tout argent liquide le doute s’installe. Un troisième homme a-t-il œuvré dans l’ombre pour doubler tout le monde ? La belle a-t-elle voulu duper ses associés du moment ?
Dans ce mauvais scénario, les deux complices de Karen ont maintenant l’impression d’avoir été deux pigeons de circonstance, et quand celle-ci décide de prendre la fuite, ils sont bien décidés à ne pas devenir les dindons de cette farce. Mais ils ne seront pas les seuls à lui courir après.
Rajoutez un ancien flic qui recherche aussi le magot pour le compte de son patron Samir, deux irakiens patibulaires aussi doux que des pitbulls enragés travaillant pour Ricky, le neveu de Samir, déterminé à profiter de la situation pour reprendre les affaires de son oncle à son propre compte et vous avez là les ingrédients d’une histoire particulièrement détonante !
Dans un style vigoureux et efficace, Peter LEONARD nous offre donc un roman féroce et explosif, où les rebondissements à foisons maintiennent le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Mené à un train d’enfer, si ce roman ne bouleverse pas le genre de « la course au grisbi », il s’y inscrit en tout cas de la plus belle des manières.
Partant de l’archétype des personnages du polar américain (un prêteur sur gage sans foi ni loi , des hommes de mains violents et amoraux , formatés aux dimensions d’une armoire à glace, une femme fatale attirée par ce qui brille, un flic revenu de tout …) Peter LEONARD arrive à donner aux siens un relief tout particulier en imbibant son histoire d’un humour toujours présent, qui s’inscrit soit dans les dialogues, soit dans les situations.
« Ricky alla à l’hôpital où il devait rencontrer les sœurs de Samir, Noor et Huda (…/…) Les sœurs décidèrent, après une discussion chargée d’émotion, de débrancher leur frère. Le médecin leur avait dit que les coups reçu par Samir avaient peut être endommagé son cerveau.(…/..) On le débrancha mais Samir ne mourut pas et parut choisir cet instant pour sortir du coma. (…/…)Samir fixa Ricky et demanda : « tu as retrouvé les salauds qui ont volé mon argent ? »
Plus encore, dans cette course à l’échalote où tout le monde court après tout le monde, l’auteur semble prendre un malin plaisir à jouer avec la frustration progressive de ces durs à cuire armés jusqu’aux dents, machos et prétentieux qui prennent conscience peu à peu qu’il se font mener en bateau par une femme insaisissable, qui n’a pour arme que son intelligence, son ingéniosité à les induire en erreur et sa farouche détermination à faire main basse sur les dollars.
Avec ce premier roman publié en France, Peter LEONARD rentre dans l’univers du polar et du roman noir par la grande porte. Si son écriture et son roman rentrent en résonnance avec certains titres de son père Elmore, il est en tout cas visiblement bien parti pour se faire un prénom !
Nous attendrons sereinement le prochain titre pour nous en convaincre !
Mon ami Claude à lui aussi bien aimé ce roman , vous pouvez découvrir sa chronique ici : link